Waste Man, c’est un groupe originaire de la Nouvelle Orléans qui a fait paraître son 1er album le 15 juillet dernier. Il avait précédemment fait paraître un bon gros EP (ici) qui laissait présager ses intentions dévastatrices. Une chose est sure, ce n’est pas avec Waste Man que l’on tient nos petits morceaux sympas qui vont bien pour l’été. C’est même tout l’inverse. Waste Man délivre des gros morceaux, des titres qui débordent de punk.
Plus j’écoute cet album et plus je me pose cette question : et si Kill Fowley n’était pas mort ? Ou plutôt : et s’il était revenu ? L’Animal Man, King of Garbage, a toujours aimé nous jouer des tours un peu scabreux. Il a toujours dit qu’il viendrait buter la mort. Cet album de Waste Man – outre la similarité du nom – est en plein dans la lignée du grand Kim (pas Jong Un). Je vais y revenir.
“Extraordinary Craving” est super rentre-dedans, c’est une introduction abrupte, mais qui a le mérite de nous mettre dedans. “Lacerate” est un cran au-dessus. Waste Man parvient à se canaliser d’avantage, et sans tomber dans la pop, il conclut sur un très beau finish. Et “Chuff” d’en rajouter encore un peu : le Waste Man semble vouloir nous écraser comme un enfant écrase ses mouches. Ouais, nous ne sommes que des mouches. Tous les titres de cet album sont une bonne excuse pour nous en mettre plein les mirettes. Quant à “Don’t Take it Too Bad“, il vient calmer le jeu et c’est bienvenu. Waste Man y est également excellent. On frôle le post-skate.
Le début de “Pounder” est plus brouillon. C’est le lot de nombreux albums assujettissants. Waste Man performe mieux lorsqu’il se concentre sur une seule direction mais le refrain n’en demeure pas moins très efficace.
Que l’on se rassure, le niveau de fun est absolument maximal sur “Wanting Ones“. Cette fois-ci, on délaisse Kim Fowley au profit de Country Teasers, sans broncher. Qui eut cru que le Waste Man fasse un hommage à la musique du sud USA. Et puis vient un trio ô combien violent avec “Man in the Mouth“, “Stick ‘Em Up” et “Swingers“. Waste Man sait décidément comment concasser nos tympans avec amour. Il nous arrache aussi les deux ailes.
“Night Dripper” est trop nineties pour se passer de la référence aux Fugazi. Vient alors “Man Child“, un grand moment de cet album. Sans trop s’exciter sur notre sort de petits insectes esseulés, Waste Man performe une parfaite montée en puissance qui est définitivement plus hardcore que punk 77′.
“A New Type of Worry” – dans un nouvel élan country, très loin – vient nous étriller une fois encore. Et “Low Life” de me faire me poser une nouvelle question : Waste Man est-il un disciple de Sartre ? Voyons plutôt. Ce dernier disait : “chérie, passe-moi le couscous“. Il était macho, je voulais simplement le faire remarquer. Bon, Sartre disait aussi (plus à propos) : “La violence n’est pas un moyen parmi d’autres d’atteindre la fin, mais le choix délibéré d’atteindre la fin par n’importe quel moyen“. La fin de A New Type of Worry, c’est l’exutoire punk et je suis convaincu que Waste Man se sert de nous comme de ses psys. Pas convaincu ? Pourquoi croyez-vous qu’il ait choisi de conclure son album avec “Hollow Bone” ? La séduction de son docteur, très cher.
J’imagine un concert de Waste Man…. que dis-je, une performance ! Il doit arriver sur scène, toiser son public d’un regard machiavélique, balancer une petite punchline sans trop se soucier de la réaction du public et débouler très rapidement avec sa guitare. Le reste doit être un joyeux bordel, du style à te donner une bonne raison de rester en vie 30 minutes de plus. Le set doit être court, mais tout le monde doit en sortir lessivé. Waste Man doit suer, beaucoup suer, et il doit probablement remuer ses cheveux trempés de gauche à droite (et de droite à gauche). Tout le monde doit être heureux d’avoir vécu une salvation punk. Parce que c’est de cela qu’il s’agit.
(mp3) Waste Man – Lacerate
(mp3) Waste Man – Wanting Ones
Tracklist : A New Type of Worry (LP, Digital Hotdogs, 2018)
1. Extraordinary Craving
2. Lacerate
3. Chuff
4. Don’t Take it Too Bad
5. Pounder
6. Wanting Ones
7. Man in the Mouth
8. Stick ‘Em Up
9. Swingers
10. Night Dripper
11. Man Child
12. A New Type of Worry
13. Low Life
14. Hollow Bone
Liens :
Article sur The Shifters
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