- Le premier constat, c’est que la maquette de cet album est super mal foutue. Tout débute véritablement avec “Anthemic Aggressor” (je vais y revenir), bien que les morceaux qui le précédent ne soient pas sans intérêt. Ce titre aurait dû introduire l’album, pour des raisons que je tente d’expliquer.
- Le deuxième constat, c’est sa drôle de production. Le son de la guitare emporte tout l’album à chaque fois qu’il apparaît, tandis que les autres passages instru’ sont mous. Mais j’en reviens d’ores et déjà à la guitare : Dwyer déniche des sons que l’on n’a jamais entendus auparavant, et ça, c’est HUGE.
- Le troisième constat immédiat, c’est que les Oh Sees ne sont pas devenus un groupe de métal,
JohnDieumerci. Les Oh Sees sont les pères fondateurs du stoner psyché, une étiquette que certains aiment leur contester au motif que le stoner devrait forcément se rapprocher des merdes de doom.
- Le quatrième constat, c’est que plus que jamais, les Oh sees semblent faire un doigt d’honneur à tout ce qui semble s’approcher de trop près d’une mélodie. Oh, il y a bien quelques boucles par-ci par-là, mais plus que jamais, les Oh Sees veulent nous entrainer dans un drôle de mouvement : le psyché d’ambiance qui n’oublie pas ses racines stoner (on y revient).
- Le cinquième constat, c’est que cet album est timide. Le titre original de mon article était d’ailleurs “Oh Sees: Oh le timide !”. Dwyer veut intégrer de nombreux éléments de ses autres groupes. Ça fonctionne de façon très bancale, du moins en ce qui concerne la première partie.
- Le sixième et dernier constat, c’est que cet album fonctionne. Certains s’écoutent, d’autres performent ou se regardent. Lui, il fonctionne. Je tente également d’expliquer pourquoi.
Assez étonnamment, “Overthrown” est mou, lui aussi. Il faut attendre la guitare de Dwyer pour que le titre ne prenne son envol, mais je peine encore à distinguer ce qui pourra faire de lui un titre meilleur que ceux de Carrion Crawler, dans un genre similaire. Et le même constat doit être fait pour “Last Peace“, du moins pour sa première moitié. Les Oh Sees en oublient leur délire psychés pour laisser place à un morceau plus contrôlé à la OCS. Les choses se compliquent ensuite pour le meilleur. Et c’est, me semble-t-il, ce que l’on attend des Oh Sees : des grandes gifles psychédéliques et brutales. Cela ne l’empêche d’ailleurs en rien d’intégrer quelques éléments venus d’ailleurs, ce qu’il fait ici à la 6ème minute.
Le reste est logiquement bien meilleur.
Au final, cet album est-il meilleur que ce que font 99% du reste de la scène ? Pour sur. Est-il meilleur que Mutilator Defeated At Last et A Weird Exits ? Assurément pas. Sa première partie est bien trop timide pour ça. Dwyer a intégré de nombreuses influences, ainsi trouve-t-on des trâces de OCS et de Damaged Bug par exemple. L’intention est excellente, le résultat est plus mitigé. Smote Reverser semble être condamné à hésiter, et entre toutes ces directions, les Oh Sees en oublient parfois d’être psychés, ou du moins, semi-psychés. Le psych-punk qui le décrit si bien est mis de côté, quoi. Le fun aussi. That’s right, Smote Reverser est très sérieux. Le rire est totalement absent de l’équation. Dwyer nous avait habitué à jouir, il est ici austère et ataraxique. Cela laisse toute la place à la guitare qui, finalement avec “Anthemic Aggressor“, envoi cet LP dans une autre galaxie.
Smote Reverser est alors à John Dwyer ce que Emotional Mugger est à Ty Segall. Il va ailleurs, il est fait d’acier et de froideur, il fonctionne. C’est, me semble-t-il, le mot qui le décrit le mieux. Smote Reverser fonctionne comme une machine fonctionne. Il fonctionne comme un robot qui tient debout. Il fonctionne comme une belle mécanique qui est mise à l’épreuve de l’humain. John Dwyer a toujours eu des ailleurs d’aliens, une apparence qui semble défier les lois du temps ainsi qu’une adrénaline qui nous fait nous demander qu’elle est son logiciel. Avec Smote Reverser, l’humain laisse place à ce qui se trouve entre la machine et l’esprit.
Ah oui, et au fait, pour ceux qui se demandent ce que “Smote” veut dire : c’est ici.
3. Enrique El Cobrador
4. C
5. Overthrown
6. Last Peace
7. Moon Bog
8. Anthemic Aggressor
9. Abysmal Urn
10. Nail House Needle Boys
11. Flies Bump Against The Glass
12. Beat Quest
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