“Voici votre nouveau groupe préféré”. J’ai toujours voulu commencer un article comme ça, mais j’oubliais de le faire lorsque j’en avais l’opportunité. Cette fois-ci, je n’ai pas laissé ma chance passer.
Tony Dork, c’est la meilleure chose qui soit arrivée aux slackers depuis bien longtemps. Son premier EP vient de voir le jour, il n’a pas encore de labels et pourtant, il est au niveau des tout meilleurs du genre. Comme le dit l’un de ses morceaux, Tony Dork encapsule mieux que les autres ce qu’est la crise du quart de vie, Quarter Life Crisis. Comme les autres groupes de slacker, il fait l’apologie du débile, faisant de son dumb punk l’occasion de célébrer l’esprit frat boy d’Animal House. Mais ce que Tony Dork sait faire en plus, c’est des morceaux dont les boucles ne se ressemblent pas, une véritable prouesse dans le monde slacker qui, malgré tout, tend désormais à son uniformisation.
Avec Tony Dork, chaque minute de chaque morceau est une nouvelle excuse pour célébrer le rire. Ces morceaux contiennent un stock d’idées à ce point fourni qu’il suffirait aux Growlers pour faire 4 albums. Les Dorks auraient pu décliner ces quelques titres en un album qui aurait sans aucun doute marqué 2018, mais ils ont fait le choix de condenser toutes les inspirations qu’ils avaient en 15 minutes à peine. Un quart d’heure pour changer le cours de votre journée, et pourquoi pas de votre semaine. Un quart d’heure qui vont puiser dans la culture de Linklater, du weird, de Clerks, de Rock’n’Roll High School et autres réjouissances de style college.
Toute la scène slacker découle des Ramones, et avant eux, des Dictators. C’est ce que Tony Dork semble être décidé à magnifier, dès “Shit Stain“. Le groupe est originaire de Melbourne, ce que l’on entend immédiatement. L’Australie est moins efficace en 2018 qu’elle ne le fut en 2017, Tony Dork entend y remédier.
“Punt Road“, c’est le foutoir le plus joyeux de 2018. Jamais un plaidoyer pour le low-life n’a été si bon en 2018. Et que dire alors de “Hey Dave“, une merveille absolue, un pic, un roc, un WOW pour qui s’intéresse à la scène slacker qui semble en passe de définitivement butter le garage rock. A quoi bon chanter sur des sujets sérieux lorsque l’on peut passer 3 minutes sur le Dave du coin. Voyez le portrait : il a du bide, des lunettes mouches, un t-shirt américain avec un aigle dessus, une Harley destroy et il boit sa Bud sur son porche, comme chaque mardi matin, profitant de ce dernier avant qu’il ne s’effondre. Ou qu’il soit expulsé.
“Quarter Life Crisis” est tout à fait paradoxal : alors qu’il est plus énervé que les autres, il semble également être plus joyeux. Cette crise de la 25aine – ça existe – se différencie facilement de celle de la 50 aine : alors que l’un boit des maximators en écoutant du punk, l’écoute sirote du whisky sur un fond de dad rock. Voilà donc ce que je propose – ceci est un programme présidentiel : l’imposition de l’écoute de Tony Dork à toute personne le jour de ses 25 ans. Et que ceux qui ne sont pas contents intègrent bien la nouvelle maxime de Still in Rock : FUCK HUGH.
Bon, parlons peu parlons bien. “A.D.D” pourrait bien être l’ultime masterpiece de cet EP, non seulement parce que le titre est le plus jangle-ish de l’album – faisant ainsi penser aux Taxi Boys – mais aussi parce que l’attention deficit disorder est le grand sujet qui agite la société américaine en dehors de Trump. Et comme dit slacker dit rattachement aux USA – un paradoxe que j’explorerai un jour, ce titre de sérieux airs d’hymne international.
L’EP se conclut finalement par “Norman (Get Me Out Of Here)“. Punk à 100%, slacker à 110% et dumb à 120%, on fait les comptes et le résultat est sans appel : Tony Dork est GÉNIAL.
Au final, Tony Dork se place en tête du classement des meilleurs EPs de 2018, meilleur slacker, meilleure révélation, meilleur meilleur. Il nous fait célébrer tout ce qu’on ne célèbre pas habituellement : la maladie (ADD), les taches (stain), deux vieux types (Dave et Norman), une crise existentielle.
L’EP est en name your price sur bandcamp, c’est LE meilleur deal de l’année 2018, period. Et le fait est que cet EP est un game changer. Ne manquez pas l’opportunité d’aller fouiller dans le YouTube du groupe, tout est bon, c’est comme dans le porc. Et la comparaison n’est pas si hasardeuse qu’il y parait. On se régale ainsi de l’hommage à André Agassi et de quelques lives qui en valent le détour chez l’épicier du coin pour aller choper un autre 6 packs. Le duel à distance entre slacker et post-skate est désormais lancé. J’entends bien compter les points.
(mp3) Tony Dork – A.D.D
(mp3) Tony Dork – Punt Road
Tracklist : Tony Dork (EP, 2018)
1. Shit Stain
2. Punt Road
3. Hey Dave
4. Quarter Life Crisis
5. A.D.D
6. Norman (Get Me Out Of Here)
1. Shit Stain
2. Punt Road
3. Hey Dave
4. Quarter Life Crisis
5. A.D.D
6. Norman (Get Me Out Of Here)
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