Slippertails, c’est un “a heavy punk rock band from central New Jersey”. OK, fair enough. Ce que ne dit pas cette description, c’est que Slippertails est très bon en plus d’être heavy, qu’il est noisy en plus d’être punk, et qu’il vient de faire paraître un nouvel album via Big Tomato Records (un album situé à Bordeaux). Ceux qui ont lu l’article anachronique d’hier ne manqueront pas de voir le lien avec Slippertails.

Ce nouvel album fait suite à There’s A Disturbing Trend, paru via Fleeting Youth Records en 2012. Il est encore meilleur. Un énorme spleen semble le guider à chaque instant, mais la frontière est mince avec la nonchalance nineties. Slippertails ne fait pourtant pas dans la balade de pop spectrale, il emprunte au punk, au garage et au rock expérimental pour nous servir des morceaux aussi variés que possible. Cela en fait un album très abouti qui se distingue de nombreux LPs dont la direction est trop unique – à ne pas confondre avec singulière. 


L’album est introduit par “Hip New Jerk“, un titre terriblement étrange et tout à fait captivant. Slippertails est certain de ses atouts, à ce stade-là du moins. “Failure” ralentit la cadence avant que “Walk” ne vienne compléter le trio introductif sur ce qui est l’un des meilleurs moments de l’album. Slippertails est y plus fun que sur le reste de l’album, ce qui fonctionne à merveille.

Garden State Of Mind” vient casser le rythme, il fait passer des coups de grisou sur cet album qui semble collectionner les pédales. Le côté fait maison ressort ici, ce qui ne manquera pas de faire réagir quelques musiciens de passage. Il est certain que la production pourrait être largement améliorée, mais le côté nineties du groupe pourrait alors disparaître, parce qu’il s’exprime dans la façon dont il est délivré plutôt que ses sonorités.

Bon, on se demande avec “Gold Tooth” quelle est la maitrise réelle du guitariste tant l’uniformité commence à peser. Le duo est un brin plus accompli sur “I Will Peel You Open“, peut-être qu’être apaisé lui va bien. Mais la véritable cassure arrive (trop tard à mon goût) sur “All Seeing Eye“. Slippertails glisse de la nonchalance vers la paresse, il est atone. “Altar Wine” pêche sur la production, mais “I Wanna Take Pills With You” vient donner un dernier coup de spleen qui mérite bien quelques louanges.


Au final, There’s A Disturbing Trend est un bon album. Pas plus, pas moins. Je le voulais sur Still in Rock parce qu’il est nineties et que plusieurs morceaux méritent de nombreuses écoutes. Mais Slippertails pourrait être plus convaincant. Il pourrait être plus percutant s’il était mieux produit et s’il osait davantage ce qu’il fait durant la première partie : des variations et de la bagarre. Le décalage entre la voix nonchalante et la musique qui cogne est une vieille astuce qui fait toujours des merveilles. Slippertails en fait déjà un bel usage.

(mp3) Slippertails – Garden State Of Mind

TracklistThere’s A Disturbing Trend (LP, Big Tomato Records, 2018)

1. Hip New Jerk
2. Failure
3. Walk
4. Garden State Of Mind
5. Gold Tooth
6. I Will Peel You Open
7. All Seeing Eye
8. Altar Wine
9. I Wanna Take Pills With You

Liens :
Article sur Ripshark
Article sur Gramma

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