FAKE NEWS #12: 1 ep par jour records devient 1 ep par heure records


In a post-truth/post-music critic world, I am so proud, oh yeah, so, so proud to present a new Still in Rock column entitled “Fake News“. Every once in a while, mostly on Fridayzzz, I’ll publish a paper developing an alternative fact/theory in which I am the only one to believe. Only buzz matters so let’s flush what they call “truth” down the toilet. And by the way, Jay Reatard is not dead and Donald Trump listens to his music. Did you know that?

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1 ep par jour records devient 1 ep par heure records

Ce n’est jamais trop. Il y a un an, une bande de joyeux lurons décomplexés de la banane créaient 1 ep par jour records. L’idée était belle : sortir un EP par jour, inonder l’Internet (avec son l’) d’une musique composer sur commande, faire parler la petite sphère, surtout, passer du bon temps entre potes. Tout n’est pas qu’une histoire de calculs financiers dans la vie, OK ?!


1 ep par jour records a rapidement gagné en visibilité, sortant quelques EPs imperceptibles, mais aussi et surtout, de très belles choses qui, la presse nous dit, amusent la Reine d’Angleterre jusque dans son bain. La BBC a en effet raporté que tous les après-midis, à 17h pétante (heure du tea time), cette bonne vieille Elisabeth II glisse son corps fripé (certains diraient… flétri !) dans une grande baignoire où elle déguste son cookie noix-de-cajou tout en écoutant l’EP du jour. Combien de labels peuvent se vanter d’une telle réussite, hein ?!


Seulement voilà, l’évidence a fini par frappé le label : 1 EP par jour, ce n’est pas assez. Dans un monde où l’on consomme la musique plus qu’on ne l’écoute, 1 ep par jour records devait se transformer afin de rester “relevant“. C’était ça, où la mort. Après tout, c’est un peu comme participer bêtement à la course contre le temps en publiant un article par jour, voyez, c’est trop peu, on s’ennuie au bout de 3 écoutes de l’artiste du jour, et au final, seules 78 minutes d’une journée sont couvertes (estimation calculée sur la base d’une moyenne arithmétique des artistes chroniqués sur Still in Rock en 2018). Pour le reste, on est forcé d’écouter à nouveau ce qui est sorti la veille, ou pire, des vieux trucs pas drôles.


Alors, 1 ep par jour records a agi. Il a fait de qu’il devait faire : il s’est transformé en 1 ep par heure records. La décision s’est rapidement imposée dans la direction du label. Voici, en exclusivité, le compte-rendu de la réunion du Conseil d’Administration du label qui s’est tenue le 6 février dernier au 14ème étage la Tour Europe à La Défense :


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Le boss : “Nous devons nous réinventer. Nos débuts sont bons et je me réjouis que nos actionnaires s’en mettent plein les pockets (NDLR : le franglais est courant dans ce type de discussion), mais on sera bientôt dépassé. Nous devons changer notre format. 1 ep par jour, c’est trop peu. Il faut que les gens consomment, il faut accélérer le rythme, ne pas craindre l’invasion sonore. Assez n’est jamais enough, voyez quoi ?!”


L’actionnaire majoritaire : “Je suis d’accord. J’en parlais pas plus tard qu’hier à la team de Tokyo. Il faut que vous brainstormiiez pour me trouver une solution les gars, sinon, j’retire mon cash quoi”.


Le sous-fifre (NDLR: 1 ep par jour records emploie en effet des stagiaires sous-payés mais à qui on offre le café, de quoi se plaignent-ils) : “Chef (dit-il d’une voix tremblante, levant timidement la main), chef (raclement de gorge), j’ai une… euh… idée ?!”


Le boss : “QUOI ?” (puis, s’adressant à la secrétaire). “C’est qui encore celui-là ?”.


Le sous-fifre : “Et si on devenait 1 ep par heure ? On couvrirait ainsi 90% de la journée de nos acheteurs. J’ai fait les calculs : un acheteur écoute en moyenne un EP qu’il aime 2,9 fois avant de passer au suivant. Nos EPs font généralement 17 minutes, ce qui monte le tout à 49,3 minutes (NDLR remarquez que le stagiaire-sous-fifre n’utilise pas encore le franglais, lui). De la sorte, on occuperait tout l’espace sonore, parfait pour saturer les autres labels. Les gens (NDLR : expression empruntée à Mélanchon) n’écouteront plus que nous. Nous serons bientôt les Amazon de l’industrie du disque gratuit : ultra-présent, régnant sur le monde à coup d’EPs composés dans la minute”.


L’actionnaire majoritaire : “Gérard (NDLR : le joli prénom du boss), je like beaucoup ça moi. On pourrait couvrir les after-work de la sorte. Tu me fais un reporting sur les avantages de cette formule, ok ?! Forward moi l’e-mail de ton sous-fifre une fois qu’on sera sorti du meeting. C’est un beau travail de team ça, j’aime beaucoup, oui oui oui”


Le boss : “Bravo p’tit (NDLR: s’adressant au sous-fifre pour la première fois). Les gamins sont bien pour ça, ils comprennent le world dans lequel on vit : il faut toujours plus, au détriment de tout le reste.”

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C’est ainsi que, le 7 février dernier, au lendemain d’une belle réunion, 1 ep par jour records est devenu 1 ep par heure records. Le label participe désormais de faire du world a better place. Plus jamais on n’aura à écouter la radio. L’ironie l’a emporté sur tout le reste. Fake newz or not, this is your call.


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