Marble Arch: entre Bruno et l’agoraphobe


Marble Arch, c’est le projet de Yann Le Razavet que l’on connait déjà pour avoir fait paraître son premier album en 2014, le dénommé The Bloom Of Division. À l’écoute de ce dernier, dire qu’il aime la pop un peu psychédélique, les corners indie pop un brin obscure et la musique un-petit-peu-beaucoup démonstrative n’est que justice. Ce sont les trois éléments que l’on retrouve sur son nouvel album, Children of the Slump, et vous aurez probablement déjà deviné quels sont ceux qui me font tiquer.


Ce que je me dois toutefois de vous dire avant de commenter cet album, c’est que cela fait longtemps que je n’ai plus écouté de dream pop #tendance shoegaze de la sorte. Je crains donc qu’il ne me manque quelques références pour analyser avec précision quelle est la direction prise par Marble Arch. Et c’est important, parce que cela permet de répondre à la question suivante : Marble Arch comble-t-il une espace musical non occupé ? À défaut de pouvoir y répondre par moi-même, j’y réponds en me fiant au nouveau label du groupe : GÉOGRAPHIE.

Ce label, c’est le projet de deux papes en devenir certifiés “sans attouchement sur petits enfants” de la pop française. D’un côté, il y a mon bichon sucré Nicolas Jublot (Point Ephémère, Olympic Café, Hello Acapulco, porteur de sweatshirt plus cool que ceux de nos grand-mères), et de l’autre, il y a Rémi Laffitte que l’on connaissait pour son label Atelier Ciseaux (mais si, le génial Calypso). Ce label promet donc d’être la meilleure chose depuis la naissance de Sarah Baron Cohen. Je vais y revenir, mais avant cela, abonnez-vous si le coeur vous en dit : ici.


Pour le reste, voici donc ce que je veux dire de l’album. D’un côté, il y a la proximité d’une soirée avec Hedi Slimane (qui a photographié le groupe), la boite à rythmes parfois dancy-cluby-dancefloory et les photos façon “mode” qui me poussent logiquement à mentionner Bruno, le seul, l’unique. Parce qu’en vouloir trop en faire dans le cool, on risque parfois d’en finir là :


On trouve ainsi plusieurs morceaux qui serviront de fond sonore au prochain défilé de Saint Laurent : “Today“, le “Gold” très eigthies (très Beach Fossils, aussi), le “Leave It” pour l’after party de ceux qui utilisent le mot “chill”, le “I’m On My Way” qui joue le cliché du moment un peu brouillon où la voix devient un instrument. Bruno se cache souvent derrière la table de mixage.

Et puis, il y a l’opposé, le Marble Arch introverti qui ne cherche pas à nous prouver quelque chose. Le fait est qu’il me touche davantage lorsqu’il retourne à la bedroom pop de ses débuts. C’est le cas avec “Moonstruck“, par exemple. En fait, plus Marble Arch est agoraphobe et mieux il se porte. Le côté renfermé de sa musique produit quelques belles boucles ce qu’illustrent la guitare du titre précité (noire et brumeuse) et celle plus scintillante de “Your Song“. Il y a la basse à la Deerhunter de “Reminiscence“…

Je n’ai jamais trop adhéré à l’idée de l’artiste maudit, mais force est de constater qu’un Marble Arch un peu tristoune produit des morceaux plus personnels et, à mon sens, plus captivants que le Marble Arch des soirées chics. Deux types de morceaux constituent donc cet album, et en ce qui me concerne : a voté.


TracklistChildren of the Slump (LP, GÉOGRAPHIE, 2019)
1. Reminiscence
2. Instant Love
3. I’m On My Way
4. Today
5. Moonstruck
6. Your Song
7. Gold
8. Leave It

9. Children Of The Slump

Liens:
Article sur le dernier TH da Freak
Interview Still in Rock de DIIV

(la pochette est splendide, que ce soit dit)

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