PUP (Pathetic Use of Potential), c’est un groupe originaire de Toronto (Canada) qui vient de faire paraître l’un des meilleurs albums de l’année 2019. Intitulé Morbid Stuff, il a vu le jour le 5 avril dernier via Little Dipper (son label!) et Rise Records (un label emo situé à Portland, je vais y revenir). Il fait suite à PUP et The Dream Is Over (ne manquez pas “DVP“). Si j’ai longtemps hésité sur le titre de cet article (je voulais trouver un jeu de mots avec son acronyme, du style, “Putin l’Upercut”), je m’en suis finalement remis à “PUP” parce que tout est là.
Habitué des grosses scènes (Lollapalooza and co), il délivre ici un album capable de l’impossible : remplir l’espace sonore d’un stade tout en conservant la touche underground qui fait l’ADN des groupes chroniqués sur Still in Rock. Fidlar savait faire ça, lui aussi. Le problème avec les groupes qui tentent ce combo tout en faisant dans le punk et dans la pop, c’est qu’ils tombent rapidement dans le cliché du groupe dégueu à la American Pie. Peut-être PUP est-il sauvé par le fait qu’il est canadien. Je ne sais pas. Le fait est que l’on retrouve cette nature duale dans chaque recoin de son album et que Morbid Stuff s’inscrit dans la catégorie des albums qui font un sans-faute. Ils sont si rares.
Le groupe introduit sa musique de porteur de vans avec “Morbid Stuff“. Déjà, on comprend toute l’ambivalence du groupe qui semble être davantage habitué à trainer dans les Olympia que dans les Méca. Sans tomber dans la pop pour midinettes post-pubère (un autre acronyme), PUP ne cache rien de son intention un peu bro’. Il y a des gobelets rouges, une piscine et la mère de Stiffler à l’étage…
Et puis, dès le petit second, PUP verse dans la chanson d’amour qui tourne bien. “Kids” me rappelle ce qu’il y a d’excellent que les Pist Idiots. Je me demande une fois encore si ce n’est pas ça, finalement, le véritable ringard : une musique post-2001 qui n’emprunte rien aux Strokes mais tout à RTL2. Non mais, sans rire. Le dernier Mozes and the Firborn est de cette même trempe. “Free At Last” conclut cet excellent trio introductif.
“See You At Your Funeral” joue sur le côté morbide que le titre de l’album annonçait. Il me fait tout de même sourire. Et puis, bien entendu, l’introduction de “Scorpion Hill” fait se questionner. PUP aurait pu délivrer un morceau pour que l’on balance nos briquets de gauche à droite, façon concert de Julien Clerc. Que nenni. Si la voix est clairement pop punk, le reste de l’instru’ ne suit absolument pas et décide plutôt de partir sur rock garage plutôt super bien produit. Ça me fait penser à du Brand New, album Science Fiction.
Et ce sont finalement les morceaux à l’image de “Bloody Mary, Kate and Ashley” qui, en cognant fort, éloignent le plus PUP du style emo de son label. Bien sur, le fait que le groupe fasse passer tous ses refrains en force à coup de chorus super synchro lui donne la touche concert post-teenagers en quête de sensations fortes, mais à quoi bon résister.
“Sibling Rivalry” pourrait être du Built to Spill énervé. “Full Blown Meltdown“, quant à lui, verse dans la musique hardcore à faire écouter dès le landau. Et “Bare Hands” de boucler la boucle avec toute la scène 90s que PUP embarque malgré lui. Les mecs sont finalement plus BMX qu’ils ne sont skateurs, mais force est de constater que cette musique nord-américaine a quelque chose de terriblement engageant qui ne rate pas le coche. “City” semble faire la conclusion mielleuse que les albums du genre ont parfois, mais ça, c’est avant que PUP ne le fasse voler en éclats.
PUP réussit finalement là où Car Seat Headrest a je trouve toujours échoué. Assurément démonstratif, il véhicule aussi l’esprit DIY qui a fait le début de cette scène 2000s qui a trop rapidement explosée. La première partie de l’album le fait particulièrement bien.
Et s’il est ainsi 100% américain, PUP y ajoute 2% anglais (la touche Idles) ainsi qu’un 10% canadien (la scène hardcore punk de Toronto, celle de Fucked Up) pour un 112% transgénérationnel. Si une partie de moi est tentée de bouder la seconde moitié de l’album qui est plus volontiers jackass, je préfère finalement perdre quelques années dans la bataille et me rappeler de qui j’étais sans trop de gênes.
(mp3) PUP – Morbid Stuff
(mp3) PUP – Kids
Tracklist: Morbid Stuff (LP, Little Dipper / Rise Records, 2019)
1. Morbid Stuff
2. Kids
3. Free At Last
4. See You At Your Funeral
5. Scorpion Hill
6. Closure
7. Bloody Mary, Kate and Ashley
8. Sibling Rivalry
9. Full Blown Meltdown
10. Bare Hands
11. City
Liens :
Article sur Idles
Article sur l’Emo Christmas de Wavves
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