Tracy Bryant, le dandy seventies


J’ai longtemps souhaité que la musique de Tracy Bryant se tourne vers un post-nineties plus brumeux qu’il ne l’était. C’est donc avec intérêt, mais non sans un certain pris, que j’ai procédé à l’écoute de son nouvel album, Hush, paru le 30 août dernier.

Si je devais portais un regard très éloigné sur la musique de Tracy, je ne pourrai de m’empêcher de noter à quel point est elle est déterminée par la seule guitare. Il est étrange, par moment, de constater la détermination avec laquelle Tracy Bryant semble décider à produire un son très breeze pop tandis que les paroles sont intrigantes et parfois graves. Surement est-ce la marque des timides qui veulent cacher leurs émotions sous une musique a priori joyeuse et entrainante. La batterie fait également très bien son travail de dissimulation. Seulement, là n’est pas l’intérêt de cet album. Avec Hush, Tracy Bryant finit d’achever sa nouvelle identité et c’est là-dessus que je veux insister.



Globalement, Tracy Bryant profite de son album pour s’éloigner des milieux très underground qu’il esquissait sur Subterranean il y a trois ans déjà. Ça commencé pourtant plutôt bien avec I’m Only Taking What Is Mine“, un titre intimiste bien senti. “The Fool” faisait lui aussi référence à ses débuts, cavalier sans être précipité.

Seulement, Tracy se tourne rapidement vers la pop plus shinny des années 2010s. J’en veux What I Get” pour preuve, un titre très bien produit, très classic pop. On ne serait pas étonné de voir Tracy habillé en dandy seventies avec un pantalon à épingle, une chemise bien cintrée et des chaussures vernies (le look Tim Presley, quoi). Fini l’époque Burger (j’ai toujours trouvé étrange que son premier album y soit paru, de toute façon). Tracy Bryant semble donc profiter de cet album pour se révéler en tant que songwriter des milieux “cool” plutôt qu’artiste un peu trashouille. “Hanged Man” me fait le même effet d’un type qui apprécie les beaux arrangements plutôt que le rock’n’roll. Oui, c’est antagonique.



Peut-être est-ce finalement sur “Bury Me“, un duo épicurien, que Tracy Bryant finit d’achever le portrait de sa nouvelle personnalité. Et finalement, j’ai peur que Tracy se soit un peu laissé bouffer par son entourage. Son label vante les multiples collaborations qui ont conduit à cet album ; je les déplore. Il y a des anciens Growlers (erk), Allah Las (double erk), du Cate Le Bon (merci l’ésotérisme), du Blood Orange, Ariel Pink (hello “j’suis cool”), d’Animal Collective. Au final, une partie de la clique prétentieuse des années 2010 a participé à cet album. Moi, je préfère mon Tracy Bryant timide et décidé à faire de la musique dans son coin. Je préfère la bricole de Subterranean au grandiloquent de Hush

(mp3) Tracy Bryant – I’m Only Taking What Is Mine


Tracklist: Hush (LP, Hush on First & Foremost / Taxi Gauche Records, 2019)
1.
I’m Only Taking What Is Mine
2.
The Fool
3.
Mask
4.
Looks Like Gold
5.
Nightmare
6.
What I Get
7.
Hanged Man
8.
Bury Me
9.
Everending Story
10.
I Tried



Lien :
Article sur Tracy Bryant: “du post-nineties à la pop noire”


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