En mars dernier, je créais un brouillon d’article au sujet de Worn-Tin. Un jour plus tard, je l’intitulais finalement : “Worn-Tin : NON”. J’avais changé d’avis, mais voilà que je retourne à nouveau ma veste, telle une pimbêche devant sa boutique Claudie Pierlot. Je croyais l’avoir vu venir, avec son maquillage qui imite celui de Mac DeMarco, album Rock and Roll Night Club. Oh, et puis, la musique était un brin trop cheesy à mon goût, pas le cheesy du groupe de slacker qui fini toujours par faire rire, non, le cheesy du mec un peu trop sérieux, mais à côté de la plaque. Bref, c’était une affaire attendue, next.
Depuis, cet artiste originaire de Los Angeles a fait paraître deux nouveaux titres, “Something’s Coming” et “Where’s My Emmy“. Je ne parlerai ici que de ces derniers. Le premier est une balade qui emprunte ce qu’il faut à la bedroom pop. On y trouve un peu de Cut Worms, surement est-ce du à l’aspect ritournelle qui est mêlé à une guitare jangle-ish et un rythme fainéant. Worn-Tin nous raconte ce qu’il fait pousser dans son jardin, mais on s’en tape. Le mot feeling revient plusieurs fois, c’est le fil conducteur. Simple et efficace, comme qu’il dirait. Pour ne rien gâcher à la fête, le titre est plutôt très bien produit, preuve en est (une fois encore) que bosser avec des pro’ en studio n’améliore les morceaux qu’à la marge. L’ère DIY a tout pour prospérer, encore faut-il que les types ne tombent pas dans la caricature du mec cool. Worn-Tin n’est parfois pas loin, mais il évite ici tous les pièges :
Sur son deuxième morceau, Worn-Tin reste en dedans et ne se délivre que trop tard d’un drôle de marasme microphoné. La ligne de basse fait donc tout le travail avant que la guitare ne vienne prendre le relais, à mi-parcours. C’est le genre de morceau qui fonctionnerait très bien sur un LP, s’il n’était pas si proche d’un Mac DeMarco, ou d’un Julian Casablancas un jour d’extase. Ce que j’essaie de dire, c’est que Worn-Tin est la définition même de l’artiste indie pop. Ça reste bon, très bon :
La musique de Worn-Tin est en pleine construction. S’en est presque émouvant. Vous lisez cet article un mardi 10 septembre 2019, mais je vous parle ici depuis le passé. Nous sommes dimanche 8 septembre 2019, je suis sur une chaise-fauteuil en velours vert, les pieds gelés sur un faux tapis berbère, le casque sur les oreilles pour ne pas faire chier les voisins. Worn-Tin est pile ce qu’il me faut pour un dimanche pluvieux. L’écouter un mardi fait moins sens, mais que voulez-vous, je suis moi aussi enfermé par “le système”, le fameux, celui qui m’interdit de publier quelque chose le dimanche parce que vous vous en foutrez (enfin, je crois, il faudrait que je demande à mon pote de Raw Journey s’il enregistre plus d’écoutes le lundi, lui qui sort ses mixtapes les dimanches à midi). J’aimerais que ma grand-mère soit là, je lui ferais écouter Worn-Tin à table pendant que je mangerai un plat en sauce. Il y a un petit côté vieillot qui lui plairait peut-être (en fait, je dis ça, mais je ne sais même pas laquelle de mes deux grand-mères aimerait Worn-Tin. J’ai davantage en tête l’idée de la grand-mère, la mamie gâteau, voyez). Elle ferait semblant et ça me rendrait heureux. Après tout, Worn-Tin semble ne se soucier que de ce seul fait : rendre les gens heureux. Un véritable pantin.
Tracklist: Something’s Coming (Single, 2019).
1. Something’s Coming
2. Where’s My Emmy
Lien :
Post a comment