Les groupes de rock’n’roll, de garage (pop), de slacker, de surf, de post-skate et j’en passe veulent être dominants. Ils veulent gouverner, occuper notre esprit, nous obséder, ils veulent, sans le dire, écraser les autres, connaître ce que les autres n’ont pas connu. A ce petit jeu là, ils sont obsédés plus que nous le sommes. Hoorsees, lui, est différent. Hoorsees est dominé par lui-même (à l’inverse de Dr Chan) et semble ne pas vouloir véritablement le cacher, à la différence des autres. C’est un groupe qui ne joue pas des coudes, une formation qui ironise sur son succès parce qu’au final, gagner en notoriété serait difficile à gérer. Hoorsees, c’est une formation qui a plusieurs fois changé de sonorités et de ton, un groupe qui a pesté d’être décrit comme étant mélancolique (certains diront même démoralisé), et puis, qui a continué à publier des photos spleenétiques sur Facebook. Vous trouvez tout cela peu flatteur ? Bien à contraire, je vais y revenir.
L’intention et la musique sont donc ici déconnectées et c’est ainsi qu’Hoorsees a fait paraître plusieurs EPs, le premier en février 2017 (article) et le deuxième en juin de la même année (article). Il est passé sous la plume débile de Gonzaï (voyez ma réponse), le journal de ceux qui ne savent rien d’autre que le paraître cool ; il a fait paraître une session live, maladroite et touchante (ici). Seulement, Hoorsees s’est ravisé, comme souvent, il a tergiversé et il a fini par gommer son passé, enfin, presque. Lorsqu’il a fait un pas en avant, trois ou quatre pas en arrière ont toujours suivi la danse.
Aujourd’hui, Hoorsees sort donc son premier EP via B&FF, Crême Brulée et In Silico Records, ouais, trois labels. On pourrait croire qu’Hoorsees ait décidé de mettre la machine en marche, mais ne nous y trompons pas, le groupe demeure fidèle à lui même. C’est finalement la meilleure nouvelle qui soit. Certains d’entre vous le savent, j’ai quitté Paris il y a un an déjà pour me relocaliser à Amsterdam. Je le mentionne parce que je l’ai vécu (
Seulement, avec Hoorsees, les choses ont toujours été différentes. Je le disais, Hoorsees est parfois maladroit et je trouve finalement dans cette maladroitesse une porte d’entrée vers quelque chose de plus réel. Je m’y engouffre et je vois à quel point Hoorsees est à nu, alors que tous les autres sont déguisés. C’est ce que montre son premier nouvel EP, Major League of Pain. Hoorsees y définit presque une nouvelle identité sonore, mid-fi cette fois-ci, mais toujours la même intention craintive semble habiller les quelques morceaux proposés. Plus Silver Jews qu’il ne l’était, presque Ween par moment (voyez “Boyhood“), Hoorsees a probablement longuement débattu de chaque arrangement, de la place du titre “Infectious” qui est plus rond que les autres sans pour autant l’assumer, de la guitare acoustique à la Pixies ou JAMC de l’album Stoned & Dethroned, de la direction générale de cet EP, et enfin, du message qu’il voulait envoyer. Hoorsees a finalement fait des choix et je le vois rester là, debout, face à son propre vertige. J’entends son inquiétude tout au long de l’EP, et pour cela, Major League of Pain est unique, véritablement unique.
Le paradoxe reste donc entier, Hoorsees assume ce que les autres tentent de cacher ; et voici son EP en exclusivité. Il le jouera le 14 novembre prochain pour sa release à l’Espace B (lien).
Tracklist: Major League Of Pain (EP, B&FF / Crême Brulée / In Silico Records, 2019)
1. Boyhood
2. TV & Bad Sports
3. Merry Grime
4. Infectious
5. Bitten By A Kitten
6. Horror Sees
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