“Use Somebody” est plus contrôlé. C’est l’un (le seul ?) des défauts de l’album. Yak à tendance à vouloir trop gérer les émotions de son auditeur. “Use Somebody” est plein de bonnes idées, mais peut-être n’est-il pas assez concentré sur son objectif : le rock’n’roll. C’est également révélateur de l’image du groupe qui manque de détachement, une photo sans perfecto en cuir ne serait pas très grave, vous savez ! “Roll Another” fait dans un autre style, allant chercher un terrain sonore que l’on n’attendait pas. L’influence des années ’90 est plus qu’évidente, mais Yak parvient à en faire quelque chose d’autre qu’une énième reprise de Truman Waters / Pavement.
“Curtain Twitcher” ne dure que 2 minutes, mais quelles 120 secondes ! Yak tend vers du punk à la John Dwyer. Il y excelle. On regrettera simplement qu’Alas Salvation n’en soit pas truffé. On trouve tout de même “Alas Salvation” quelques morceaux plus loin, comme pour nous rappeler que la révolte de la jeunesse anglaise, ça connait aussi Yak.
“Take It“, c’est l’un des seuls véritables ratés de cet album. L’instru’ y est pourtant captivante, mais une voix à la Muse, c’est impardonnable. Impardonnable. “Harbour The Feeling“, sans trop en faire, s’avère être bien plus efficace. Ce titre, l’un de ceux que l’on garde le plus en tête une fois l’écoute d’Alas Salvation finie, use tout le potentiel de l’excellente production de cet LP. Les guitares crissent à merveille, Yak tient son premier hit.
“Smile“, c’est une nouvelle exaltation qui semble avoir repris les codes d’une bedroom pop baroque pour les tremper dans l’acide. Yak a mangé Jacco Gardner, c’est pas sympa, mais le résultat est plutôt efficace ! Et puis, vient enfin “Doo Wah“, potentiellement le morceau le plus complet de cet LP. Yak qui fait du doo wah, c’est une vaste blague qui n’en demeure pas moins garagement-parlant très, très colorée. Que les fans des années ’50 ne s’attendent pas à entendre la version mise à jour d’un vieux Doo-wop, Yak a d’autres plans en tête.
“Please Don’t Wait For Me” conclut le tout sur un morceau de plus de 7 minutes absolument épique. Nul doute que ce titre restera comme celui qui attirera le plus l’attention. Tout y passe, de la guitare brutale de l’introduction en passant par les cris d’Oliver Burslem jusqu’à l’expérimental de la fin, eh oui, encore.
Alas Salvation, c’est l’une des claques garage de l’année 2016, so far. Tout n’est pas réussi dans cet album, mais il a l’immense avantage d’essayer. Et je prends le pari qu’on se souviendra bien plus d’un album de ce type que d’une énième reprise du combo Kinks / Creation / Ty Segall. Espérons simplement que toute la com’ qui semble se monter autour du groupe ne le fera pas se perdre sur les chemins des paillettes rock’n’roll. Un groupe qui n’a sorti aucun album à ce jour et qui a déjà 10.000 followers sur Facebook, ça fait flipper. Il se pourrait bien qu’il faille profiter de cet album avant qu’il ne soit trop tard. La presse anglaise à une tendance à détruire ses propres groupes en les élevant bien trop vite au statut de rock star. Réponses en 2017, à ne pas en douter, mais d’ici là, YAK !
(mp3) Yak – Alas Salvation
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