The Murlocs fait partie de ces quelques groupes que l’on suit avec plaisir depuis un petit moment déjà. Originaire de Melbourne, on se souvient que son dernier LP en date, Loopholes, avait agité une partie de 2014. Nul doute qu’il en ira de même en 2016 avec ce nouvel album qui vient tout juste de paraître, Young Blindness.
Alors, nous en étions resté à un bon groupe qui flirtait à la frontière d’un garage blues et d’une pop psychédélique plutôt novatrice. Les (fortes) ressemblances avec Shannon & The Clams avaient toutefois un brin refréné notre élan. Et bien… rebelote. Young Blindness est un album plein de bonnes choses, mais on ne peut s’empecher d’avoir la sensation d’avoir déjà goûté à cette soupe. En fait, Young Blindness, c’est un peu comme les burgers parisiens. C’est bon, mais à quoi bon continuer à ouvrir un nouveau restaurant lorsque l’on sait pertinemment qu’aucun d’entre eux ne révolutionnera le concept d’un bout de viande entre deux tranches de pain.
Mais ne soyons pas si dur avec cet LP. Il demeure super efficace, une des pièces à écouter en ce (début) d’année 2016. Et pour cause, on y trouve de quoi ravir mémé autant que pépé, i.e., un peu de pop amoureuse et du rock comme au bon vieux temps.
“Happy Face“, le titre introductif, fera un bon single. C’est bien rythmé et coloré, une sorte de transcription musicale de la pochette. “Young Blindness” varie agréablement, mais à vouloir ne pas trop forcer, on attend la suite avec impatience. La suite, c’est “Adolescence“, un autre morceau plutôt agréable qui nous laisse encore sur notre faim. Mais pourquoi la pizza Murlocs n’a-t-elle pas plus de fuzz ? Druggy Pizza, revient !
“Rolling On” se la joue plus diva, façon The Supremes, façon dernier LP de Shannon & the Clams, une fois encore. C’est quand même diablement bien maitrisé. “Wolf Creep” vient bouger la fourmilière avec un rythme un brin plus emporté. Et puis, les Murlocs osent enfin renouer un peu avec le psychédélisme de leurs anciens essais. On se dit que ce morceau a l’avantage de ses inconvénients. Il est plus surprenant que les autres, mais c’est déjà ce que le groupe avait tenté d’accomplir en 2014.
“Compensation“, style proto-pop qui a mal tourné, est également réussi en ce qu’il change de fusible pour se tourner vers une pop plus magique, façon White Lodge, façon The Growlers. Le tout fonctionne parfaitement, parce que la voix d’Ambrose Kenny-Smith est super efficace, parce que la guitare de Callum Shortal se permet une petite envolée façon rock sixties et parce que les Murlocs semblent vouloir animer le bal de prom’ (encore lui) que l’on a jamais eu.
(pardy’ oooon Wayne)
Malheureusement, “Unknown Disease” est un cran en dessous, un peu trop générique pour marquer cet LP. “Let Me Down Lightly” semble indiquer un chemin différent, mais “Think Out Loud” nous ramène à une pop pre-psychédélique qui semble avoir été trop vite composée. Ouais, Young Blindness manque de belles mélodies.
On trouve plus de sens à l’écoute de “Improving Solutions“. Les Murlocs ont définitivement laissé tombé le rock’n’roll pour se concentrer sur de la pop. Certes, mais qu’ils insistent alors sur les refrains et qu’ils fassent preuve de plus d’inventivité en la matière. C’est ce que ce morceau fait enfin. “Reassurance“, enfin, nous rappelle la touche du groupe, un harmonica à la King Gizzard, une batterie bien comme il faut et la voix d’Ambrose, toujours. C’est efficace.
Au final, je me faisais une joie toute particulière d’écouter ce que les Murlocs nous avaient réservé. Le groupe est capable de scorer là où Shannon parvient à nous transcender. Yes, mais peut être aurait-il fallu trouver une route différente et l’explorer à fond. Peut-être. Mais pour l’heure, Young Blindness manque de tranchant. On aurait aimé que l’album se la joue plus garage / psyché que pop ambiante.
Une fois cela dit, il fait très bien ce qu’il entreprend de créer. On ressort de son écoute avec le sourire aux lèvres, convaincu que les Murlocs forment un groupe plus solide que la majorité. On regrettera alors surtout qu’aucun titre ne s’impose comme un single indiscutable, capable de draguer l’album vers plus de lumière. “Save Me Now” avait emporté leur dernier essai (voir le classement Still in Rock des meilleurs titres de 2014), ce qu’aucun titre de Young Blindness ne parvient ici à réaliser. “Wolf Creep” est leur meilleur essai, mais pour l’heure, The Murlocs reste dans la bande des Night Beats – ces groupes qui peinent encore à tirer leur épingle du jeu.
(mp3) The Murlocs – Wolf Creep
(mp3) The Murlocs – Compensation
Liens afférents :
Article sur White Lodge
Article de présentation du groupe
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