Jaromil Sabor est un artiste français originaire de Bordeaux. Entre pop psychédélique et garage, il officie depuis quelques années sur les scènes cachées de Gironde et d’ailleurs. On se souvient ainsi que son dernier album, La Santa Roja (2014), nous avait gratifié de quelques morceaux séduisants. Et puis, il avait déjà fait paraître un premier LP, Marmalade Sculpture, ainsi que quelques Various Covers in the Spirit of Christmas. Il est finalement revenu le 5 janvier dernier via Frantic City pour nous présenter son dernier album, III.
Je le dis d’entrée, certains morceaux sont trop attendus pour nous convaincre. Je pense au titre introductif “Aedion” (bien que somme tout plaisant…) ainsi qu’à “What I’m Saying” (qui reprend les mêmes airs très garage pop des Madcaps). D’autres sont plus hésitants, empruntant un peu de pop psychée baroque ala Jacco Gardner , c’est le cas de “Until the End of The World” qui s’en trouve être mi-tueur en série, mi-ce que-l’on-entend-trop-sur-la-scène-en-2016. “Story of Lisa” part sur de belles bases néo-psychédéliques, étrangères et délicieuses, mais finit par s’écrouler en parcours.
Jaromil démontre toutefois qu’il sait comment produire de bons morceaux d’une pop délicate avec “Becky was a Carrion Siren (Part I)“. Et puis, “Oracle Stone” innove là où on ne l’attend pas, le titre prend la tournure d’un morceau de Pet Sounds, sorte de petite symphonie à lui tout seul. Mais on se raccroche très rapidement à ses créations les plus bourrues. “(Part II)” nous régale d’un son plus noisy, mais certains font encore mieux. C’est le cas de ceux qui coupent dans le gras et vont directement à la moelle, substance d’un garage bien trouvé. “Knocked-Out Circus” est, à titre d’exemple, un très bon morceau du genre. Jaromil est définitivement meilleur lorsque sa guitare trempe dans la rouille d’un son plus puissant, comme c’est le cas avec “Seagrave Station“, saignant, efficace.
Au final, l’alternance constante de deux styles musicaux ne produit pas l’effet recherché. Peut-être aurait-il fallu, en l’état, scinder l’album en deux, concentrer d’un côté les titres néo-pop et, de l’autre, ceux garage à la Peacers. Mais surtout, on reste curieux de savoir ce qu’aurait pu faire Jaromil en liant d’avantage ses deux aspirations plutôt que de les garder séparées. Jaromil a déjà montré, d’une part, qu’il savait comment produire une musique ensorcelée façon White Lodge avec des titres comme “Diamond Mind“. D’autre part, les deux titres en écoute ci-après sont la preuve qu’il peut également exceller en matière de garage. Durcira-t-il à présent le ton en trouvant un son nouveau sur la scène, sorte de garage pop maléfique, fusion de ses deux univers ? Réponses bientôt.
(mp3) Jaromil Sabor – Knocked-Out Circus
(mp3) Jaromil Sabor – Seagrave Station
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