The Tea Company est le groupe d’un seul album, Come And Have Some Tea, paru en 1968 via Smash Records, aussi le label de The Left Banke, de Jerry Lee Lewis et Roger Miller. Le groupe se crée à New York en 1963 sous le nom de The Naturals. Il oscille ensuite de label en label avant de se trouver dans le genre psychédélique naissant. Aujourd’hui, peu d’informations sont disponibles sur ce groupe. Mené par Frankie Carretta, il fait paraître ses premiers singles sur Jowar, un petit label originaire de Boston. Il commence comme première partie des Lovin’ Spoonful, de Dylan et quelques autres, avant de trouver sa line up définitive. L’album du jour est en le seul enfant.
“Come And Have Some Tea With Me” fait office d’introduction éponyme, déjà une curiosité psychédélique où le fuzz sévit avec impatience. “Flowers” a plus d’atouts pop mais le titre devient rapidement expérimental. Les fleurs de la Tea Company sont parfaitement fanées, trempées dans cet univers post apocalyptique et fantomesque que le groupe semble chérir. C’est ce titre que le groupe choisira comme single, une des raisons expliquant l’insuccès de ce dernier tant des plages psychédéliques de 8 minutes n’ont jamais permis à un groupe de se faire connaître (le groupe avait en réalité prévu une version raccourcie, mais l’idée reste la même).
On va aujourd’hui nous bassiner avec David Bowie, mais qui parlera de “Love Could Make The World Go Round” comme l’une de ses possibles influences ? The Tea Company fait ici une réinterprétation du “All You Need Is Love” des Beatles, autre preuve du penchant British du groupe. Et puis, The Tea Compagny s’essaie lui aussi à une reprise de “You Keep Me Hangin’ On“, comme l’avait déjà fait Vanilla Fudge (les deux groupes étaient amis, paraît-il). Une fois encore, The Tea Company vise un morceau épique, loin de la sobriété d’un rock sixties parfois straight to the point. Pari réussi, si les premières minutes nous semblent trop familières, force est de reconnaitre que le reste l’est beaucoup moins.
“Don’t Make Waves” fait office d’interlude avant que ne vienne le titre le plus pop de cet LP, “As I Have Seen You Upon The Wall“. On y entend l’influence des Beatles, une fois encore. “Make Love Not War” et “The Naturals” sont étonnements plus génériques. Si certains groupes de l’époque avaient comme stratégie de sortir une A-side pop sixties pour se lâcher sur le B-side, The Tea Company fait l’inverse, comme habité d’une volonté de donner le moins de visibilité possible à son album.
“Maiden In The East” est plus rock’n’roll, peut-être est-ce cette fois-ci l’influence de la scène américaine. Toujours est-il que Vanilla Fudge n’est pas loin, au moins dans l’intention vocale. Le reste appartient aux fifties. “Internationally Me” renoue légèrement avec les sonorités des premiers morceaux, mais trop peu pour continuer de nous fasciner. L’album se conclut avec “Say Hay Ha Ha“, dans le même esprit.
Au final, la compagnie du thé (weed, dans l’idée) aura osé un album étrange et parfois grandiose, à condition de ne pas donner trop d’importance à la B-side. On ne le citera pas comme référence de la musique psychédélique de l’époque, mais plus probablement comme un ancêtre de Twink, peut être même comme l’un des premiers albums à avoir allié psych pop et shoegaze (voir “Flowers“). Connu sur la scène de San Francisco puis celle de New York, il n’aura jamais atteint un succès national. Il s’impose aujourd’hui comme une curiosité psychédélique, sorte de petit trésor pour les fans du genre.
Il est un fait établi que The Tea Company aura fait partie de ces groupes obscurs de musique psychédélique à avoir accompagné le mouvement sans pour autant se faire un nom. Certains l’ont fait d’une façon trop générique, mais ce n’était pas le cas de The Tea Company qui propose ici un album qui ne ressemble vraiment à aucun autre. Eloigné de la musique psychédélique anglaise, également différenciée d’autres groupes américains du genre, je pense à ? and The Mysterians et Love, cet album mérite largement votre considération.
(mp3) The Tea Company – Flowers (1968)
(mp3) The Tea Company – You Keep Me Hangin’ On (1968)
Liens afférents :
Post a comment