LP Review : Thee Oh Sees – Mutilator Defeated At Last (Psych Stoner)







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FRENCH version
(english below)

Thee Oh Sees s’apprête à faire sortir son neuvième album studio, Mutilator Defeated At Last, via Castle Face Records. Aux manettes de la production se trouvent Chris Woodhouse et John Golden, eux qui ont travaillé avec Sonic Youth, Ty Segall, Pearl Jam, les Melvins et j’en passe plusieurs dizaines.
Beaucoup sera écrit sur cet album. Une fois encore, John Dwyer est l’un des grands noms de la scène actuelle, un de ceux qui resteront présents dans l’esprit de nos petits enfants (bien éduqués). Il est donc normal et heureux que la presse s’empare de ses opus, d’autant plus que Mutilator Defeated At Last est le meilleur de tous les Oh Sees (Ah ? ah..!), et ce n’est pas faute d’avoir déjà écrit de nombreux articles sur le groupe.
Cette fois-ci en effet, l’album entre nos mains réécrit au minimum l’histoire des Oh Sees (ce qui est déjà beaucoup), celle de la musique stoner, et, au mieux, infusera un mouvement pour le reste des années 2010. Alors, pour le plaisir de l’exercice, et pour ne pas vous proposer une énième critique vantant la créativité de John Dwyer dans un style très académique, postulons une réécriture de l’histoire biblique. Et puis, oh, après tout, sachons prendre du bon temps. John Dwyer semble prendre un tel plaisir à balancer ses “Whoooh” à longueur d’album que l’envie était trop forte pour y résister. De plus, il ne fait aucun doute que des morceaux comme “Sticky Hulks” nous plongent dans le bain bouillant de l’arrière pièce d’une église. Et si l’histoire de la Propagande (biblique) n’était pas celle que quelques fous ont un jour écrit ? Après tout, la Bible n’est rien de plus qu’un roman qui a bien fonctionné, il n’est donc pas interdit d’en changer l’histoire, n’est-ce pas ?!
Au départ, il y a la création du monde, celle de “Web“. Les guitares résonnent comme des cors pour la première fois. La lourdeur du son ne peut qu’être le fait des Oh Sees qui sont ici bien aidés par une batterie qui donne le là comme peu de groupes de rock’n’roll le font encore. Le divin créateur est un acharné qui balance des coups de pinceau dans tous les sens. La beauté de trouve dans l’animosité, la furie d’une création.
Une fois le monde constitué, viennent les ennuis. Le vent commence à souffler sur l’introduction de “Withered Hand” avant qu’il n’explose en plein. Le monde créé ne tient pas la route et la virulence de cette musique en caricature l’essence. Les Oh Sees vont à fond la caisse et on se rappelle ce qu’il y a de si jubilatoire dans un stoner qui assume ses envies psychédéliques.
Et puis, la Propagande veut que l’homme ait chuté. Les Oh Sees se passent bien de rester dans l’ennuyeux jardin d’Eden, pas besoin d’être un obedient pour apprécier le son de la guitare acidulée de “Poor Queen“. En réalité, Ève semble bien contente d’avoir échappé au ‘paradis’ de conformisme de son créateur. Ce qu’il y a de plus détestable dans la nature humaine est en réalité bien plus fascinant qu’un petit coin d’herbe bien tondue. Et si cette herbe est toujours plus verte ailleurs, notons alors que les deux minutes de “Poor Queen” sont une belle transition sur un prochain morceau plus intéressant encore.
Le déluge de la Propagande est traduit par “Turned Out Light“, à la différence près que Dwyer demande à nous plonger dans le noir pour jouir du déluge plutôt que tenter de sauver la peau de trois cochons. Le son que les Oh Sees dénichent là est une telle claque, un pic, un roc’n’roll. La musique des Oh Sees ne prend aucune précaution et les accords de “Turned Out Light” sont bourrus.
Le sacrifice d’Abraham apparaît finalement avec “Lupine Ossuary“. C’est une grande fête organisée par le clan des Oh Sees. Isaac est cette fois-ci décapité par les notes d’un morceau qui augmente encore le niveau de brutalité. Ce genre de titres, comme le font les meilleurs Oh Sees, tend à faire ressortir ce qu’il y a de plus animal en chacun de nous. La fulgurance de cette guitare super saturée à pour effet d’apaiser les plus grands amoureux de fuzz. Et pendant ce temps, l’histoire de la Nouvelle Propagande s’écrit.
L’Échelle de Jacob, par lequel un pauvre type a décidé de fuir la condition humaine, ne trouve aucun sens sinon celle de fuir la toute-puissance de “Sticky Hulks“. L’introduction semble pourtant se prêter à une musique plus contrôlée. Que nenni ! John Dwyer fait rapidement exploser des sons très aigus avant de rallier la meute. La nouvelle extrusion de 2min18 donne des frissons dans le dos du brave Jacob qui peine à gravir les marches. “Sticky Hulks” est indéniablement l’un des meilleurs morceaux jamais écrits par John Dwyer, un retour aux sources pour cet artiste qui n’a de cesse d’explorer de nouveaux genres. Allez Jacob, reste avec nous, notre chef porte des cornes rouges et écoute parfois les Cramps, mais j’t’assure, c’est cool ici aussi. 
Les Oh Sees écrivent ensuite un nouveau Décalogue. Le premier ordonne de ne jamais quitter le sol de “Rogue Planet“. Les neuf autres renvoient au premier. C’est simple et concis, et les Oh Sees nous donnent là un morceau de stoner qui n’a pas délicatesse comme définition.
Le combat de David contre Goliath tourne à la parade gay sur “Palace Doctor“. Le son de la guitare semble épouser celui d’une batterie tout adoucie, les Oh Sees donne un sens nouveau à cet épisode de la Propagande. Mais l’histoire ne serait pas complète sans la réécriture du Jugement de Salomon. La morale est simple : recherchons l’absolutisme. Alors, les Oh Sees se concentrent à nouveau sur l’essentiel, au plaisir d’un son de guitare déprédateur.
À bien des égards, la musique de Mutilator Defeated At Last est un retour aux sources. Les Oh Sees avaient officier sous cette même étiquette à l’occasion de leur album Carrion Crawler / The Dream de 2011 avant d’explorer une musique psychédélique plus pop. Les titres de Mutilator Defeated At Last sont du niveau du singleCarrion Crawler” qui restait jusqu’à présent le meilleur de toute la discographie des Oh Sees. Le son de Mutilator Defeated At Last est aride, destructeur, un peu comme l’avait était celui de l’album Twins de Ty Segall. 
Cette nouvelle version de la Bible, la Nouvelle Propagande, laisse place à Satan comme maître des lieux, fait la part belle à des fêtes un peu folles et complètement trash sans oublier de prouver que Dieu n’existe pas. Un programme réjouissant ! On y trouve forcément un attachement particulier en ce qu’il nous ramène à nos instincts morbidus-obsessifs. La destruction attise nos sens et John Dwyer mieux que personne parvient à en tirer parti. Cet album nous prend pour ce que nous sommes, des amateurs de son très graves et très aigus, à la recherche d’extrêmes et de sensations. Mais ce sensationnalisme des Oh Sees est couplé à un génie créatif qu’une petite poignée d’artistes peut se vanter d’avoir, et là se fait la différence.
Il est par ailleurs étonnant (et, disons-le, fort agréable) de constater que l’écoute de cet album des Oh Sees ne nous évoque pas une nouvelle référence à chaque minute ecoulée. Les Oh Sees sont a ce point géniaux en ce qu’ils participent à l’établissement d’un nouveau style de rock’n’roll, sans volonté de singer habilement un autre artiste. Mutilator Defeated At Last nous offre ainsi l’opportunité de nous concentrer sur le seul son de la guitare, de frémir à chacune de ces exaltations, sans nous forcer à la comparaison. Ah, si seulement tous les artistes avaient cette volonté totalitaire de créer un Nouveau Monde où les Dieux seraient conditionnés par leurs arts, ah, si seulement la scène osait plus souvent affronter le tsarisme que les grands noms imposent d’imiter…

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On May 18th, Thee Oh Sees released its ninth album, Mutilator Defeated At Last via Castle Face Records. Chris Woodhouse and John Golden produced it, them who worked with Sonic Youth, Ty Segall, Pearl Jam, The Melvins and many more. 
Much has been said about this album. Once again, John Dwyer is one of the current rock scene biggest name, one of those that will remain in ours (musically well educated) grandkids minds. Therefore, it’s only natural that medias were excited about this album, especially given that Mutilator Defeated At Last is the best of all Thee Oh Sees’ albums (Ah? ah..!). 
Indeed, the album we are holding in our hands rewrite Thee Oh Sees’ history (and that’s already a lot), stoner music history and will possibly instigate a music trend for the years to come. To make this fun and avoiding you another soulless academic critic on how John Dwyer is creative, we will rather rewrite the entire biblical history in here. After all, we need to enjoy ourselfs from time to time. John Dwyer seems to get such a pleasure to scream those “Whoooh” during the entire album that we needed to have fun reviewing it. Moreover, songs such as “Stycky Hulks” doubtlessly makes you feel like diving into a warm bath at the back of the church. What if the biblical propaganda history was not the one that a few foolish once wrote? After all the Bible is no more than a best-selling novel, nothing forbids us to change the story a little, right? 
At first, there was the creation of the word, a.k.a the “Web“. Guitars resound as horns for the first time. This heavy sound, support by great drums as few rock’n’roll bands still have, can only be the sound of Thee Oh Sees. The Divine creator is a madman throwing brushstrokes all over the place. The beauty of an artistic creation lies in its fury. 
Once the world’s creation completed comes troubles. Some wind starts blowing all over the introduction of “Withered Hand” before it gets even stronger and turns into a storm. The world created does not stand up and this vicious music caricature the essence of it. Thee Oh Sees are going fast and furious and reminds us what is so exciting about psychedelic stoner music. 
And then, propaganda tells us that man has fallen. Thee Oh Sees dispenses with the boring Garden of Eden, no need to be obedient to enjoy the acid guitar sound of “Poor Queen.” Actually, Ève looks pretty glad to escaped the conformism paradise made by her creator. Dark-side of human nature is much more fascinating than paradise and the two minutes of “Poor Queen” are a great transition to the next and even more interesting song. 
Turned Out Light” is the propaganda flood except that Dwyer plunges us into the darkness to enjoy the flood rather than save three little pigs. The sound found by Thee Oh Sees is such a slap in the face, a peak, a rock’n’roll. Thee Oh Sees music takes no precautions and « Turned Out Light » chords are rough. 
The sacrifice of Abraham finally arrives on “Lupine Ossuary.” Thee Oh Sees are organising a great feast. This time Isaac is being beheaded by the chords of this song that increases the savagery level. That kind of songs tends to bring to light the wilderness hidden in any of us, in a way that only the best Oh Sees songs can do. That searing saturated guitar sound soothes the fuzz lovers. Meanwhile, the new propaganda history is being written. 
Jacob’s ladder, wich allowed a poor guy to run away from humanity, is useless except to run away from the mighty power of “Sticky Hulks.” The introduction seems, however, suitable to a more self-restraint music. No way! With no further notice, John Dwyer sends us some high blasts before going back to the pack. At 2min18 John Dwyer’s solo gives cold shivers down Jacob’s spines that is no longer able to climb the stairs. Doubtlessly, “Sticky Hulks” is one the best songs ever written by John Dwyer, a return to his roots for a guy that is always exploring new sounds. Come on Jacob, saty with us, our leader might be wearing red horns and sometimes listen to the Cramps but it’s cool in here too. 
After that Thee Oh Sees writes ten new commandments. The first commandment forbids to leave the “Rogue Planet.” The following nine commandments are referring to the first one. It’s simple, concise and Thee Oh Sees are delivering a stoner song that don’t know the meaning of delicate. 
The fight between David and Goliath turns into a gay parade on “Palace Doctor.” The guitar seems to perfectly marry the sweet drum sound and Thee Oh Sees are giving a whole new meaning to this propaganda episode. But this story wouldn’t be complete without the rewrite of Salomon’s judgment. The moral is simple: We must aim for absolutism. Therefore, Thee Oh Sees are focusing again on what matters, the guilty pleasure of a devastating guitar sound. 
In many ways, Mutilator Defeated At Last is a return to the roots. On Carrion Crawler / The Dream (2011) Thee oh Sees was in the same galaxy before exploring a more psychedelic pop music. Songs on Mutialtor Defeated At Last are at the same level as the single “Carrion Crawler” that was until now the best song in Thee Oh Sees discography. The sound on this album is arid and devastating pretty much as Ty Segall’s “Twins” before it. 
In this new version of the Bible, the New Propaganda, God is replaced by Satan who is having much fun organising the craziest/trashiest parties without forgetting to prove that there is no such thing as God. What a pleasing agenda! This album takes us for what we really are, namely loud bass and treble sounds enthusiasts looking for an adrenaline rush. However, Thee Oh Sees sensationalism is lined with such a creative genius that only a couple of artists can reach and that makes all the difference. 
Furthermore, it is astonishing (but really nice) to note that we don’t find any new reference every minute while listening to this album. Thee Oh Sees are this great of a band that they participate in the design of a new kind of rock’n’roll without seeking to imitate another artist. Mutilator Defeated At Last gives us the chance to focus only on its guitar sound and to shudder at every moment of exaltation without forcing comparisons. If only every artist had this totalitarian willingness to create a whole New World where Gods would be conditioned by their arts, if only the rock scene was willing to face the precepts that are imposed by famous names… 

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