Paul Collins fait partie de ces titans de la Power Pop qu’il était criminel de ne pas avoir évoqué jusqu’alors sur Still in Rock. Paul Collins, c’est en effet et avant tout deux groupes cultes, The Nerves et The Beat. Mais c’est également d’autres projets, de nombreuses collaborations, une belle carrière solo (plus tournée vers la folk) et une influence qui semble être encore grandissante sur la scène (notamment via son projet The Beat Army). Alors qu’il se rendra bientôt à The Smell, ce premier article de l’année 2015 est l’occasion parfaite d’en dresser le portrait.
Headlines. Il y a des musiques qui ne changent pas une vie, mais qui l’améliorent considérablement. The Nerves en est le prototype. L’album self-titled, paru en 1976 via Bomp, s’introduit sur “Hanging on the Telephone“, le morceau qui demeure à ce jour le connu de l’histoire du groupe. Mais peut-être trouve-t-on le meilleur des Nerves avec “When You Find Out“. Autant vous donner le warning de courtoisie, ce titre est un véritable pot de colle. “Give Me Some Time” est clairement moins Power Pop, mais on y trouve malgré tout des traces de ce qui fera plus tard la légende de Paul Collins. “Working Too Hard“, dans un genre mi-Beatles mi-Hollies, donne un nouvel élan à cet opus. Ces quatre titres (précités) étaient ceux présents sur le premier EP du groupe paru via The Nerves Record Co. Ils demeurent la crème des Nerves qui ne sera pas sans influencer de nombreux artistes, ce qui ressort assez clairement sur l’album Orgasm Addict des Buzzcocks. Paul Collins y était batteur, et si Jack Lee se chargeait de la partie songwriting, on peut légitimement penser que Collins avait son mot à dire, en atteste The Beat.
(mp3) The Nerves – When You Find Out (1976)
(mp3) The Nerves – Hanging on the Telephone (1976)
The Beat (parfois dit The Paul Collins Beat) est le second projet majeur de Paul Collins. Cette fois-ci, Jack Lee et Peter Case (parti créer les Plimsouls) ne sont plus de la partie. The Beat s’avère être encore plus sharp que les Nerves. Les 13 morceaux qui composent l’album self-titled, paru en 1979 via Columbia, sont autant de hits qui donnent une belle image à la Power Pop. L’album s’ouvre sur le plus grand titre des Beat, “Rock n Roll Girl“. Impossible de manquer la version live performée à la télévision américaine en 1980 (lien). Ce titre représente tout le fun que représente l’écoute des Beat. Le refrain se chante à tu-tête et le son de guitare déclenche des sueurs aux premières résonances. Voilà ce que l’on appelle un Hit, un vrai. On trouve ensuite rapidement “Different Kind of Girl“, un morceau plus maîtrisé, la vraie chanson d’amour comme plus personne ne sait en faire. On puis, on l’entrain de l’introduction réapparaît sur “Don’t Wait Up for Me“. Peut être le deuxième meilleur titre des Beats, celui-ci se rapproche de la Power Pop fédératrice des Milk ‘n’ Cookies, celle qui opère un véritable retour depuis 2013. Pour ne citer que deux titres de plus, impossible de passer à côté de “Walking Out on Love” et “You and I“. Le premier se rapproche du Punk des Ramones, une guitare explosive et un rythme qui semble avoir été imprimé par Lucifer. Le second vient quasiment conclure l’album sur une belle note de poésie. Osons le sentimentalisme, osons l’eau de rose, osons ! Je citerai, pour conclure, The Kids Are the Same, le second album du groupe (bien que moins bon que le premier, à l’image des quatre autres), ainsi la contribution du groupe à la soundtrack du toujours jouissif Caddyshack.
En sommes, l’écoute de Paul Collins est de celles qui, parce qu’elle transmet le message du fun et de l’amour, s’avèrent inlassables. Un peu à l’image des Flamin’ Groovies, les Nerves et les Beats étaient des groupes qui n’auront jamais gagné l’inconscient collectif, car ils étaient encore trop proches de certaines autres figures bien plus connues. Pourtant, Paul Collins fait désormais partie de ces pères fondateurs de la Power Pop. Et cela passe nécessairement par un immense talent de dénicheur de mélodies. En voilà un beau métier. Et puis, si je crois le reste de sa discographie un brin en deçà, on y trouve tout de même quelques morceaux qui méritent les lauriers de ces quelques lignes, à l’image de “Walking out on Love“. On trouve peu d’artistes capables de maintenir un flot constant à travers les années et les projets. Paul Collins fait partie de ces derniers. Et si la flamme Power Pop semble toujours l’animer, je ne serai pas étonné de retrouver un jour son nom inscrit à l’Underground Rock Hall of Fame.
(mp3) The Beat – Rock n Roll Girl (1979)
(mp3) The Beat – Don’t Wait Up for Me (1979)
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Lien vers TOUS les articles anachroniques
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