The Deviants. Le groupe est fondé en 1967 par Mick Farren, un écrivain et chanteur, membre de la communauté de Ladbroke Grove UK Underground. Originalement nommé The Social Deviants, il changera rapidement de nom et commencera a distribué Ptooff! sous le manteau et par voie postale avec l’aide de la UK Underground press. La diffusion de ce premier album doit beaucoup à l’aide de Nigel Samuel, fils d’un millionnaire qui injectait l’argent nécessaire. Decca Records prendra ensuite la relève. Depuis, Drop Out Records (1992), Captain Trip Records (2004 et Esoteric Recordings (2009) ont pris le relais.
Cet album est la parfaite introduction au Protopunk. Pourtant, il est loin de réunir tous les codes du genre, comme le faisaient si bien les Fugs et les Monks. Si beaucoup d’albums de cette époque cherchaient à explorer un style musical de la façon la plus poussée possible – se contenant ainsi d’un seul genre – Ptooff! cherche au contraire à dépasser les limites du possible dans bien plus d’un seul, aussi variés que le Garage, la Pop Psychédélique, le Blues, de l’expérimental… En ressort un des albums les plus emblématiques des années ’60.
Loin de considérations technico-techniques, je dois dire que l’écoute de The Deviants me pousse toujours à me retrancher dans les codes musicaux des groupes plus connus. La musique des Deviants est trop noire et trop complexe pour l’affronter de face. J’y entends tous les ravages des années ’60, le génie créatif mis à l’épreuve de limites techniques.
Ptooff! s’introduit sur “I’m Coming Home“, le genre du titre introductif qui fait qu’on ne débute jamais l’écoute d’un album autrement que par là où l’artiste l’a entendu. La guitare de The Deviants, comme celle de Cream, cogne très fort, sans temporiser. Lorsque la voix de Mick Farren passe au premier plan (‘When I Get Insiiiide’), on se dit qu’on tient là un véritable album de génie. Ce titre demeure l’un des morceaux de rock psyché les plus révélateurs des sixties. Vient ensuite “Child Of The Sky“, un morceau bien différent du premier. Les voix des Deviants sont magnifiquement posées en dièse sur une pop psychédélique qui flirte avec Simon & Garfunkel.
“Charlie” introduit les premières influences blues de l’album, façon Rolling Stones. L’histoire de Charlie Chaplin trouve une nouvelle version. Mais ce titre n’est pas le plus original de tous et on se tourne rapidement vers celui d’après. On se demande à écouter la première minute de “Noyjing Man” ce qu’il va bien pouvoir nous tomber sur la tête : peut être une tempête tropicale où une tribu maya viendra nous sacrifier ? C’est presque ça. Ce titre me rappelle le “Limbo: The Organized Mind” de Raymond Scott ou l’on explore l’intérieur de son propre cerveau, ou encore, les créations d’Acid Rock de Morgen (1969) où la guitare est le plus parfait des vecteurs LSD.
“Garbage” réunit ensuite tous les éléments qui font de la musique des Deviants un véritable chef d’œuvre psychédélique. La brutalité de “I’m Coming Home“, la pop de “Child Of The Sky“, le loufoque de “Noyjing Man“, bref, “Garbage” se taille dans une place parmi les grands du monde psychédélique, en compagnie de Syd Barrett, 13th Floor Elevators et autres confrères. Et puis, “Bun“, du quasi The Durutti Column (article), vient démontrer que The Deviants sait aussi faire dans la comtime pour enfant. Mais gare aux apparences, le dernier titre approche. “Deviation Street” est le dernier titre de l’album. Presque 10 minutes de musique psychédélique de très très haut niveau nous y attendent. Tout y est fait pour nous effrayer. Cette création aura très certainement influencée le génial Sleeper de Ty Segall. Mais là n’est pas le point.The Deviants mériterait d’être bien plus reconnu que ce qu’il l’est aujourd’hui. Ces trois albums, dont Disposable (1968) et The Deviants 3 (1969, et quelle pochette !), mais surtout ce Ptooff! d’anthologie, feront nécessairement des Deviants une formation dont on parlera encore dans de nombreuses années. Soyez également sûr de ne pas manquer les albums solo de Mick Farren, dont Mona, The Carnivorous Circus (1970). Il est en tout cas un de ces groupes qui font que je me rappelle à quel point la musique psychédélique est un genre supérieur.
(mp3) The Deviants – I’m Coming Home
(mp3) The Deviants – Child Of The Sky
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