Classement 2013 : Meilleurs opus du n°10 à 1 (Best LPs)







Les amis, voici la suite et fin du classement des meilleurs opus de l’année 2013.
La crème de la crème, la fine fleure de 2013. 


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10. 
Jackson Scott – Melbourne (lire l’article) (Interview)


L’album le plus pétrifiant de l’année est signé Jackson Scott. Le bal des fantômes n’a jamais semblé si lumineux. Melbourne est le cri de naissance d’un artiste qui semble ne pas avoir de limites. Cachés entre les fantômes de Melbourne se trouvent de superbes hits, à l’image de “Sandy” et “That Awful Sound“. L’ambiance glaciale qui plane sur l’ensemble des titres fait de cet opus l’un des plus intrigants de l’année. Et probablement aussi l’un des plus intemporels. On reparlera longtemps de cet album.

9. Kurt Vile – Wakin On A Pretty Daze (lire Album Review)

Kurt Vile, ou l’art ultime de la précision. L’écoute de Wakin On A Pretty Daze est la clé vers un monde plus insouciant, moins sévère. Avec cet album, Kurt a dévoilé le meilleur album folk de l’année 2013. Plus encore, Kurt Vile a donné à de nombreuses de nos journées une euphorie qui aura guidé nos pas vers un monde meilleur. Kurt Vile pourrait être le gourou d’une nouvelle génération, à la frontière entre les sciences de la médiation et d’un mysticisme casuel. Wakin On A Pretty Daze est un long voyage. Dans la lignée d’opus tel que Spooky Action at a Distance de Lotus Plaza, le Passing Cloud de Murals, des Fleet Foxes et certaines créations d’Atlas Sound, Wakin On A Pretty Daze s’inscrit en plein dans le genre contemplatif. Aucun raté, plusieurs coups d’éclat, voilà ce qui compose son nouvel opus. Kurt, tu continueras longtemps d’être le génie de beaucoup d’entre nous. Tes titres seront des classiques et l’on se rappellera ton nom comme celui d’un artiste définitivement à part.

8. Pond – Hobo Rocket (lire Album Review)

Ahhh… Pond. Beard, Wives, Denim était l’un des tout meilleurs opus de 2012, un modèle de musique psychédélique. C’est par surprise que Pond aura fait paraître un opus plus power rock que psychédélique. Pond a pourtant toujours su comment faire évoluer sa musique dans de nouvelles sphères. Mais chaque univers est une nouvelle claque qu’il faut le temps de digérer. On se rend finalement compte au fil des écoutes qu’Hobo Rocket est un très bel album qui repousse une fois encore les limites de la musique psychée. Le groupe ne recule devant aucun effet dantesque. À l’image du titre “Aloneaflameaflower“, la musique de Pond a quelque chose de grand qui ne se soucie pas de son image. On demeure marqué par la noirceur de l’album et les nombreux moments d’extase (comment oublier le final de “Giant Tortoise” ?). Hobo Rocket est une véritable arme de destruction massive qu’il faut le temps de digérer.

7. True Widow – Circumambulation (lire Album Review)

Entre Stoner et Shoegaze, Circumambulation est un des opus de ce classement qui fera probablement le moins l’unanimité. La musique de True Widow, sorte de réponse à Fuzz, est faite d’un grunge vaporeux qui sait comment cogner toujours plus fort. Fabuleux tableau apocalyptique, on traverse l’écoute de Circumambulation par toutes sortes d’états, de l’euphorie d’une guitare accrocheuse à la mélancolie des coeurs persistants. Notre sang se glace dès l’arrivée des premières notes. L’impression ne saurait partir si facilement. True Widow déterre d’étranges mélodies qui semblent attendre loin de la lumière depuis de nombreuses années. Certaines, comme celle présente sur “Trollstigen“, font des créations de True Widow des absolus indispensables de 2013. Sorte de Naomi Punk de l’année, l’album conclu sur une lumière blanche et agressive. En ressort un Circumambulation prodigieux réservé aux seuls qui oseront cette écoute terrifiante.

6. King Krule – 6 Feet Beneath the Moon (lire Album Review)

Après presque trois ans d’attente, 2013 a finalement été l’année où King Krule aura fait paraître son tout premier opus studio. Déjà classé meilleur titre de l’année 2011, King Krule n’a rien perdu de son instinct. Andy Marshall a superbement résisté à la tentation de la hype. Il est allé chercher parmi ses plus vieilles créations pour leur redonner un coup de neuf qui fait de 6 Feet Beneath the Moon l’opus que tous les amateurs de sa musique attendaient. La voix d’Archy Marshall donne à l’ensemble de ces morceaux une force qu’on ne connait pas ailleurs depuis plusieurs années. King Krule délivre plusieurs chefs-d’oeuvre, un luxe que très peu d’artistes peuvent se permettre. La profondeur de l’album laisse absolument bouche bée. Voilà bienvenue la nouvelle expression d’un immense instinct mélodique. 6 Feet Beneath the Moon est le meilleur opus européen de l’année 2013.

5. Cardboard – Cardboard (EP) (lire EP Review)

Bien que Cardboard ait techniquement fait paraître un (seul) EP, il était impossible de ne pas donner les honneurs les plus majestueux à celui qui aura délivré la meilleure surprise de l’année. Cardboard est l’une des créations les plus ensoleillées de l’année 2013. Il faut pourtant du temps afin de réaliser à quel point chaque seconde de chaque titre est absolument irréprochable. De plus, Jonathan Rosen n’hésite pas à voguer entre les genres : fuzz, folk, pop, garage. Cardboard est le groupe de l’année 2013 qui aura dégagé le plus de sensation de facilité. Cardboard parvient à ce vers quoi White Fence a toujours tendu : faire de la poésie la meilleure alliée d’un Rock explosif. J’étais venu à Brooklyn avec l’idée en tête de voir évoluer un grand groupe depuis ses débuts : le candidat idéal est tout trouvé. Cardboard, en raison de la grande qualité de ses versions studio et d’un live absolument brillant est voué à un très grand futur.

4. Ty Segall – Sleeper (lire Album Review)

Après 12 opus studio, trois EPs, deux compilations de démos inédites, 13 singles avec b-sides, deux opus live et deux mixtapes (à peu près), Ty Segall a fait paraître son premier opus folk en 2013. Ty avait déjà commencé à révolutionner le Garage depuis 2009. Le voilà en passe de révolutionner la façon d’aborder la folk. Sleeper donnera, à ne pas en douter, de nouvelles bases à toute une génération d’artistes. Combien sont-ils à aujourd’hui produire un rock garage assimilable à celui de ses autres opus ? Des milliers. Combien seront-ils demain à produire un folk expérimental comme le fait ici Ty Segall ? La question aura rapidement sa réponse. En attendant, on peine à croire la réalité de Sleeper. Trop jouissif, trop inattendu, trop génial, trop trop trop, Ty Segall a encore trouvé le moyen de ridiculiser le concept de “page blanche”. Les riffs résonnent si fort, leur intensité est ainsi flagrante que Ty Segall réussi là son pari folk avec brio. Et puis, cet opus contient tout de même “The Man Man“… Avec ce dernier essai, Ty Segall est plus que jamais candidat au titre de meilleur artiste de la décennie.

3. Wavves – Afraid oh Heights (lire Album Review)

On a tous en tête ces images des skateparks californiens entourés de palmiers. On a tous en tête ces longues allées qui mènent vers Hollywood, les images des quartiers dépravés de Silver Lake où les boutiques de tattoo jonchent les rues par dizaine. Wavves vient de délivrer l’album symbole de cette Californie-là. Afraid of Heights sera désormais le fer de lance de cette nouvelle génération de rockeur, un témoignage de ce qu’était la west-coolitude durant la décennie ’10. Je n’en finis pas de m’étonner de la capacité de chacun des morceaux à cogner très fort dès la première écoute, et pourtant, d’avoir un travail studio clairement monumental qui lui donne une longévité que l’on ne soupçonne probablement pas encore. Les riffs y sont trempés dans un fuzz ensoleillés qui feront encore l’émerveillement de nos petits enfants. Au fil des mois, Afraid of Heights ne saurait perdre en intensité. Au contraire, plus les jours passent et plus l’album se révèle être un classique au titres  habités par d’éternelles mélodies. Oui, papi a vécu la sortie de cet opus.

2. Fuzz – Fuzz (lire Album Review)

Ce nouveau groupe signé Ty Segall et Charles Mootheart est une absolue TUERIE. Cette fois-ci, la musique de Ty nous rapproche du jugement dernier. Une fois encore, nous jouissons de ces résonances ténébreuses. Fuzz marque indéniablement par la sensation qu’il procure de ne pouvoir résister à l’écoute de l’opus en entier. Entre Olympes du Garage et Stoner, Fuzz a su, par des procédés que l’on ne comprendra jamais, faire de cet opus la création la plus puissante de ces dernières années. Les riffs de guitare y sont de véritables pieux. On n’avait d’ailleurs pas entendu une guitare résonner de la sorte depuis bien des années. Premier groupe de Ty Segall à la batterie, le revival Black Sabbath est plus flamboyant encore que son original. Cet album est assurément le meilleur premier opus de l’année 2013, mais il est aussi l’une des toutes meilleures EVER créations en matière de Garage. 



1. Deerhunter – Monomania (lire Album Review)


Le voilà, l’ultime album de l’année 2013, le seul et unique. Il y a certains livres dont la lecture nécessite de s’y consacrer entièrement, jour et nuit, d’accepter l’idée d’y abandonner l’intégralité de ses envies. Il y a certains albums du même genre dont l’écoute doit se faire telle l’entrée dans une église, humblement. Monomania est une création de ce type-là. Il n’est pas nouveau que Deerhunter sache produire des opus grandioses, de ceux qui nous emportent et transcendent quelques instants de nos vies. Deerhunter nous fait prendre les grandes routes américaines en plein centre-ville, il donne à ressentir l’humidité d’un orage lors d’une journée de plein soleil. On échoue avec Bradford Cox (leader et chanteur) dans la pleine déprime d’une journée de printemps, dans l’exubérance d’une musique subtile. On y trouve le it ultime et on parvient souvent à capturer une sensation d’invincibilité. On y passe la journée à voguer dans les rues d’Atlanta, à la façon des Beat qu’étaient Kerouac, Ginsberg et Burroughs, frôlant la poésie de Faulkner dans un monde où la sensation est reine. 


Ce qui fait de cet opus un chef d’oeuvre est son excellence dans tous les registres : une musique riche, variée et à chaque fois surprenante, une signature vocale dont on ne peut plus se passer, un agencement des titres absolument parfait faisant de Monomania une oeuvre d’art inimitable, enfin, une mysticité que Bradford Cox entretien mieux que quiconque.

Après délivrer en ce qu’il y a mieux en matière de garage rock psyché sur “Leather Jacket II“, un cocktail rare et explosif, Deerhunter donne transcende une pop vers des hauteurs inexplorées. L’existence des titres “Blue Agent” et “T.H.M.” est encore difficile à concevoir. Toute l’humanité de Bradford Cox se ressent finalement sur le fabuleux “Nitebike“. Le noisy ambiant est toujours là, plantant constamment sur l’album. Combien de centaines d’heures passées en studio ? C’est un travail incommensurable qui nous permet aujourd’hui de nous évader, voyager au-delà du réel. L’explosion Deerhunter est totale, partielle, insaisissable. Nuit et jour se mélangent pour faire apparaître un espace-temps sans propriété, une bulle où l’on aimerait voguer à jamais. La quintessence de cet album est telle qu’elle déteindra sur notre appréciation de la musique.


6 Comments

  • Pinkfrenetik

    Superbe album Monomania. Je vous rejoins aussi sur Kurt Vile et King Krule !

  • Anonyme

    Une tuerie ce Monomania… excellent choix.

  • Anonyme

    quelle déception suite à l'annulation de la tournée européenne de deerhunter, j'avais acheté 6 mois avant les places pour les voir à Feyzin! Très content de les voir en N°1, incompréhensible qu'ils ne soient pas plus cités dans les classements actuels ??

  • Anonyme

    Album de l'année chez les lecteurs de Magic, c'est mieux que rien…

  • LaTouf

    Merci à SIR, longue vie à Ty! Keep going, c'est que je te souhaite de mieux pour 2014.

  • Anonyme

    Juste pour dire que c'est un plaisir de découvrir ce blog

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