Tropical Trash, c’est un groupe originaire de Louisville (Kentucky), la ville de Slint. En janvier, il a fait paraître son nouvel album, Southern Indiana Drone Footage, et si je décrivais la “fête et la guerre” à l’occasion de mon article sur Flat Worms, je vais ici me concentrer sur la “guerre et psychiatrie”. Il faut dire qu’ils sont rares les groupes à oser s’approcher de la musique de Polvo. Et pour cause, c’est super casse-gueule. Les groupes “rouleau compresseur” comme Tropical Trash dévient rarement de leur ligne conductrice. C’est leur force. Alors, lorsque certains s’essaient à des changements de rythmes constants, on se demande s’ils peuvent véritablement se réaliser.
Tropical Trash décrit cette démarche comme étant de l’avant rock (jamais entendu), j’opterai pour de l’art rock super noisy, mais le résultat est le même : le groupe tape avec intermittence pour un résultat encore plus dark. Le meilleur exemple de ce que cela peut produire se cache dans “Southern Indiana Drone Footage“, le petit quatrième. Tropical aurait cogné depuis le début que l’on serait déjà lessivé. Mais par moment, il temporise, et alors, ses coups de boutoir paraissent plus efficaces encore. La première partie est ainsi faite, voyez par vous-même :
Mais peut-être n’ose-t-il pas assez s’écarter des chemins war punk. Peut-être veut-il encore aller trop vite, aller faire concurrence à Flat Worms et ces surfeurs d’argent. Pour cette raison, la deuxième moitié de l’album est, je crois, bien meilleur. Sur “Country Gift“, il ose emprunter quelques sonorités à Country Teasers, il fout ça dans la machine punk-dronesque et constate le résultat : Polvo acquiesce. En voilà d’ailleurs un peu :
Et Tropical Trash de continuer ensuite sur cette lancée Chapel Hill pour fous alliés. Il se tourne vers la musique expérimentale à l’occasion de “Circling AT&T… It Takes A Train To Fuck“, prend la sortie du tunnel sur la droite et vient taper mamie sur “Leather Charm“. Slint n’a jamais semblé si proche. Non pas que Tropical Trash soit aussi cathartique que le groupe précité, mais il semble avoir pour lui quelques proximités avec l’Eglise de Satan (fascinant). “Rewinder Blues” finit de nous faire tomber avec ses théories glauques et noirâtres.
A l’évidence, on n’écoute pas Tropical Trash un jour maussade. On ne l’écoute pas non plus pour son fun – ça en manque, d’ailleurs. On tente plutôt de prendre un peu de distance pour ne pas finir comme un lycéen d’Elephant (2003), ces types-là pourraient être dangereux. Il n’en demeure pas moins que, dans un univers qui évolue aux côtés des Oh Sees, Tropical Trash portent bien leur petit nom : c’est sale et c’est humide. Ça me rappelle quelque chose d’autre.
Tracklist: Southern Indiana Drone Footage (LP, 2019) 1. Glass Dog 2. Your Place In The Chain 3. Mineral Waste 4. Southern Indiana Drone Footage 5. Third & Fourth Ingredient 6. Country Gift 7. Circling AT&T…It Takes A Train To Fuck 8. Leather Charm 9. Enemy Slab 10. Rewinder Blues Liens : Article sur Slint Article sur Polvo
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