Angry Skeletons : Jay n’est pas mort

“Planned Obsolescence” peut être vécu comme une allégorie. L’idée semble abstraite mais pourrait bien évoquer la scène garage du début des années 2010′. De moins en moins d’artistes s’y rattachent, c’est normal, les mois passent et il faut continuer l’innovation. Angry Skeletons, lui, a décidé de délivrer un EP en plein dedans. Son obsolescence est certes programmée, mais cela ne fait que rajouter en bravoure. 

“T.V. Freak” dénonce, lui aussi. Notre génération de l’instantané n’est plus vraiment celle de la télévision, mais elle n’en demeure pas moins collée à sa lumière blanche qui la coupe de toute poésie. Ce n’est rien de le dire, c’est beaucoup de le vivre, lorsque les yeux sont rivés ailleurs alors que la soirée s’annonçait bonne. Et Angry Skeletons d’en profiter pour délivrer du garage rock de type classic shit. “M. Death” ajoute ensuite en violence, la fuzz à fond, la réverb’ à fond, tout à fond. La dernière minute fait gagner en consistance à cet EP. 

Article sur les Reatards

“Slightly hostile” ne pourrait avoir une structure plus simple. Alors que l’on semble tendre vers un peu de slacker – après tout, on verrait bien P. Foley s’élancer dans les rues avec une démarche nonchalante, une bière à la main – Angry Skeletons en fait de la garage pop à plein tube. “Floating Awkwardly” conclut le tout avec le panache d’un métallurgiste. 

Au final, si Angry Skeletons manque encore en singularité – il faut dire qu’il débute juste, il doit être encensé pour deux raisons au moins : il indique, pour commencer, que l’espoir danois existe toujours, et puis, il est suffisamment couillu – passez-moi l’expression dans l’ère post-weinstein sans majuscule – pour oser le garage rock de la fin 2000′, époque Lemons. Il ne faut pas enterrer Jay Reatard trop vite, l’ère du slacker n’a pas encore tout emporté.