Crazy & The Brains : de la Big-Lebowski-Pop

Une fois encore, je profite d’un creux – relatif – dans l’actualité musicale en cette période estivale pour vous présenter quelques albums plus vieux que quelques mois à peine. Celui du jour, Let Me God, est le fait de Crazy & The Brains. Récemment posté sur Bandcamp mais paru le 21 mai 2013, il semble faire écho à Mike Krol, à Nobunny et à toute la scène punk trash mais il est en réalité plus proche du cheesy pop et délicat de la jangle pop féminine à la Peach Kelli Pop. Enfin… c’est un peu plus compliqué que ça ! Paru sur Baldy Longhair Records – un petit label originaire de Rahway (New Jersey) avec le meilleur nom possible -, il se compose de 16 morceaux qu’il faudra compter, quelque part, parmi le meilleur du renouveau dorky.
Ce cheesy-gentil, en réalité, est l’ADN même de Burger Records. Complètement disparu des écrans radars depuis que Nobunny ne donne plus de signes de vie, il représente – déjà – l’ancêtre du slacker actuel. Voyez ça comme une évolution temporelle, du revival garage des années 2000 en passant par le cheesy-gentil – appelons le comme ça – jusqu’au stoner slacker 2017. Crazy & The Brains délivre ainsi une musique qui est non seulement GÉNIALE et inspirée, mais qui, en plus, témoigne d’un passé proche que l’on a laissé tomber. Ce genre de groupe est la raison d’être de Still in Rock, je vais donc m’en donner à coeur joie.

Intro” nous met dans le bain anti-punk avant que n’arrive “King Kong“. On comprend d’entrée la volonté de Crazy & The Brains de ne jamais délivrer un seul texte qui soit plus profond qu’une piscine pour nourrissons. Vient alors “Let Me Go“, un grand HIT. Le groupe se décrit lui-même comme étant anti-folk, et à l’évidence, on se dit qu’il a dû écouter les Violent Femmes bien plus que de mesure. Et puis, on comprend pour la première fois la force d’un solo de xylophone.

Saturday Night Live”, sans forcer l’hommage à John Belushi, veut s’inscrire dans le courant garage-pop-en-latex, voyez du côté de Seth Bogart. Il faudrait être sourd pour ne pas trouver cet LP super-méga-fun. On ne sait pas vraiment, ensuite, si “Sexy Magazines” est une ode à Photoshop ou une gentille contestation, mais on penche plus volontiers pour la première alternative. Toujours avec cette même garage pop, Crazy & The Brains prouve qu’il a appris sa leçon mélodique tirée de Raw Romance.
A chaque anniversaire, c’est la même, je me demande quel morceau je pourrai bien envoyer à mon contact FB inconnu. C’est tout trouvé avec
Birthday“. Mike veut des cadeaux fluorescents et beaucoup de cotillons. Mike veut le nouveau Mégaman, et pour ça, il nous gratifie une fois encore d’une garage pop à faire pâlir les Gizmos. “Mexico” rend hommage à la farniente que l’on suppose être constante.


NYC” va logiquement beaucoup plus vite. L’homme xylophone doit sacrément transpirer. Crazy & The Brains n’a jamais été si punk, et pourtant, on n’a jamais autant eu l’envie de lui faire un gros câlin. Ses petits doo-wop y sont probablement pour quelque chose. “Biggest In The World” – sans mauvais jeu de mots – contentera la gente féminine à la recherche d’une pop rythmée pour aller danser dans les bars DIY. Les Ramones auraient dit oui.
Box Room” joue à fond la carte anti-folk sur un fond acoustique. Et “Interlude” de feinter le repos bien mérité. On écoute cet LP comme on écoute un morceau de Tall Juan, à fond la caisse, souillé et happy.

It’s Alright” attaque la dernière partie de cet album sur fond de dénonciation des réseaux sociaux – c’est ce que Crazy & The Brains dit de plus concret. “Snacks” – qui fera plaisir à BBQ Pope – fait l’apologie du Burger Kind à 16h. Crazy dit être retarded, une étiquette qui lui va bien : du Retarded Punk. Je prends. Et puis, quitte à faire l’apologie de l’inutile, autant enchainer avec “Lindsay Lohan“.
Beach Bug” nous fait approcher de la fin avec un peu plus de weird, comme si Crazy & The Brains avait voulu composer un morceau pour nos fire camps. You have no purpose, you drink in my hand… le message est clair. Crazy & The Brains le fait passer mieux que personne, c’est de la Big-Lebowski-Pop en puissance. “Say My Name” semble finir sur une touche creepy mais Crazy & The Brains ne peut pas s’empêcher de transformer tout ce qu’il touche en punk-boobish.

Au final, Let Me God est un modèle du genre, un pic, une péninsule en matière de dumb punk. Si Mike Krol est le maitre du jeu côté punk-trask, Crazy & The Brains règne en véritable Empereur sur le royaume punk-lowbrow (sourcils bas…). Cet album ne souffre d’aucun défaut, alors que rajouter si ce n’est qu’il faut également se reporter à Good Lord et Brain Freeze, et que le monde est probablement divisé comme suit : il y a d’un côté ceux qui aiment Crazy & The Brains et, de l’autre, ceux qui ne le comprennent pas. C’est décidé, le jour où je monte un groupe de garage, je me mets au xylophone. C’est trop méga-fun pour s’en priver.

(mp3) Crazy & The Brains – Let Me Go
(mp3) Crazy & The Brains – Saturday Night Live

Tracklist : Let Me God (LP, Baldy Longhair Records, 2013)
1. Intro
2. King Kong
3. Let Me Go
4. Saturday Night Live
5. “Sexy Magazines
6. “Birthday
7. “Mexico
8. NYC
9. Biggest In The World
10. Box Room
11. Interlude
12. It’s Alright
13. Snacks
14. Lindsay Lohan
15. Beach Bug
16. Say My Name

Liens :
Article sur Mike Krol
Article sur The Memories (Supercheesy!)

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