Deep Sea Peach Tree est un groupe New-Yorkais – ça faisait longtemps qu’un bon groupe n’en était pas sorti – qui vient de faire paraître son premier album, Vaguely Navy. Alors que la moitié de l’année s’est déjà écoulée, on se dit que Deep Sea Peach Tree pourrait bien faire office de best new band de ces quelques 365 jours. Nous n’en sommes pas encore-là mais le fait est que Deep Sea Peach Tree est une excellente découverte, et pour cause, le groupe sera rapidement porté comme fer de lance du mouvement post-2001, mais je vais y revenir.
La musique de John Colapinto, Kristof Denis et Adam Wanetik a un petit côté Golden Silvers – vous vous souvenez ? – très dansant qui nous rappelle qu’avant de s’appeler ainsi, le groupe était connu sous le nom de Disco Cream. Mais là n’est pas la caractéristique majeure de Deep Sea Peach Tree. Le groupe s’illustre en réalité par une voix qui rappelle souvent Julian Casablancas et des boucles de surf music à tendance jazzy. J’ai toujours pensé que la musique surf avait beaucoup à voir avec le jazz et les quelques groupes qui tentent de l’illustrer tombent souvent juste. La recette de Deep Sea Peach Tree est ainsi faite : du surf, du jazz, des influences Strokes et une volonté garage.
“Vaguely Navy” débute comme un morceau d’Alex Calder mais on se rend rapidement compte que les premiers Strokes – nous y voilà – sont en réalité bien plus prégnants. Ce titre emporte avec lui de très belles sonorités jazzy qui en font une très bonne introduction, ringarde pile ce qu’il faut. C’est ainsi que j’en profite pour reparler du “post-2001”, ce mouvement qui reprend les codes de la scène post-Strokes – certains diront de Television – et qui vise à se dégager de l’ironie un brin cynique des années ’90. Deep Sea Peach Tree le fait très bien, les mélodies sont très claires et l’on se dit que New-York devait avoir de belles allures au début de ces années là, avant que Brooklyn ne soit transformée.
Et puis, on passe de la plage à la salle de bain avec “Same Bathtub“. Le moment est volontairement plus câlin, alors, Kristof Denis remet un peu de grave dans sa voix et on se laisse embarquer dans une romance à la Soft Hair. Vient alors “Strawberry Milk” qui fait incontestablement partie des temps forts de cet album, nonchalant comme les groupes de surf savent parfois le faire. “Village Market” est plus langoureux encore, du surf de nuit. Les phases instrumentales sont très solides, on est loin des Surfaris. “Temper Tantrums” clôt la face A sur un petit coup eighties.
“June Gloom” réattaque, une fois encore, avec une belle maitrise mélodique. Deep Sea Peach Tree joue la carte de la cohérence et “Broad Spectrum Soap Utopia” vient en rajouter une couche. La deuxième moitié de ce morceau utilise l’un des plus vieux tricks du monde et qui fonctionnent toujours parfaitement. Le son est un peu musclé, ce qui fait du bien dans un LP parfois un brin light. Peut-être que les lignes de basses ne sont pas assez exposées ou que la guitare gagnerait à être un brin plus crunchy, toujours est-il que “Broad Spectrum Soap Utopia” montre la voie à suivre.
“Interlude” n’était pas vraiment indispensable mais on retrouve heureusement “Hypnagogia” qui illustre en plein ce que Deep Sea Peach Tree sait faire de mieux : une musique surf qui emprunte à Mac DeMarco autant qu’à Le Pine et autre Black Bats. “Clue” vient porter l’estocade.
Avec Deep Sea Peach Tree, on est loin des plages brulantes et de la musique surf qui va plus vite que la vague. Son album est très bien produit ce qui ne fait qu’ajouter à la qualité des nombreuses mélodies qui s’y trouvent. Sans jamais être léthargique, la musique de Deep Sea Peach Tree parlera à tous ceux qui veulent être nonchalants dans un monde qui le permet de moins en moins. Si le Big Lebowski écoute probablement Deep Sea Peach Tree dans sa baraque destroy, on se dit qu’il y a surement du vrai dans cette musique.
Et pour cause, la musique de Deep Sea Peach Tree est l’une des premières – à ma connaissance du moins – à ajouter du surf et du jazz au style post-2001. C’est le véritable apport de Deep Sea Peach Tree à la scène, et lorsque l’on sait quel est le nombre de groupes qui ont un apport quelconque…
Tracklist : Vaguely Navy (LP, 2017)
1. Vaguely Navy
2. Same Bathtub
3. Strawberry Milk
4. Village Market
5. Temper Tantrums
6. June Gloom
7. Broad Spectrum Soap Utopia
8. Interlude
9. Hypnagogia
10. Clue
Liens :
Article sur Vacations
Article sur les groupes de post-2001
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