Frostitudes est un groupe allemand qui va en surprendre plus d’un. Son label, Wake Isl., est situé dans la petite ville d’Essen et les deux semblent être destinés à quelque chose de plus grand que le simple projet d’une bourgade mal famée – ou bien famée, d’ailleurs.
Le premier LP du groupe, Citrus, a vu le jour au début du mois de mars. Les neuf titres qui le composent oscillent entre rock garage et… garage rock. Il y a une énergie très brute dans les créations de Frostitudes qui rappelle le proto punk des années 70′, lorsqu’une seule mélodie suffisait à susciter l’envie d’aller gueuler dans un micro. Tout semble être fait finalement pour nous rappeler que la scène berlinoise est pleine de bons groupes du style qui ont emprunté à la période industrielle.
“Citrus” fait immédiatement entendre l’attrait du groupe pour Iggy Pop tandis que la voix rappelle le punk des années 70′. Frostitudes va vite, un sprint qui surprend d’entrée de jeu. “Clutter And Dust” voudrait probablement qu’on le compare à CAN, ou à Stiff Little Fingers, mais on se contentera de noter à quel point il résonne Howlin Banana Records, ce qui est déjà très fort. Une fois n’est pas coutume, Frostitudes est excellent sur le final, une nouvelle guitare ajoute en intensité.
“Missing Words” est tout ce qu’il y a de plus classique dans le revival sixties, ça passe, donc. Le même constat vaut finalement pour “Just The Same“. On sent que Frostitudes en a sous le pied, mais il y a encore bien trop de contrôle. Heureusement, tout change avec “Mama“, le hit de cet LP. Si Frostitudes est très convaincant lorsqu’il est brumeux, cette garage pop lui va également à merveille. On pourra regretter qu’il n’ait pas vu le jour en 2008, mais elle animera parfaitement nos barbecues 2017. Et finalement, quoi de plus important que de trouver de la musique de barbecue – comprenez par là un rock jovial et efficace – en cette période d’avril 2017.
“Staring” complète parfaitement le tableau en jouant en plein le titre quasi-instrumental qui passe en force. Sa structure – très linéaire avec une coupure soudaine – est extrêmement bien jouée. La batterie fait également des merveilles dans une dernière phase à retenir ! Citrus n’a donc aucun ventre mou, bien au contraire, les morceaux de mi-parcours sont de très loins les meilleurs. C’est un drôle choix de maquette, m’enfin !
“Slaves“, qui s’annonce pourtant sous un jour lumineux, finit dans un sacré marasme aux couleurs psychées et noirâtres. Frostitudes trouve toujours le moyen de nous surprendre alors que l’introduction de chaque morceau semble indiquer un titre trop bateau pour être écouté jusqu’au bout. “Mummies” prend le chemin du titre de série B pour nous approcher doucement de la fin et de “Volcano” mais l’essentiel n’est plus là. Nous sommes restés bloqués dans la machine infernale de “Slaves“, j’insiste sur ce dernier tant il est réussi. Peu de titres du genre parviennent aussi bien à leurs fins.
Au final, on serait presque tenté de dire que Citrus rappelle la scène parisienne de 2012 lorsque le garage sixties était à son pic. Mais en réalité, il est plus délicat que cela d’écrire sur la musique de Frostitudes. Le groupe n’invente pas le fil à couper le beurre avec cet LP qui se cantonne à un rock très punk originelle, mais il le fait mieux que les autres. Il a, à l’évidence, beaucoup trop écouté les MC5 et les yéyés, mais le résultat marquera l’année garage.
(mp3) Frostitudes – Mama
(mp3) Frostitudes – Staring
Tracklist :
1. Citrus
2. Clutter And Dust
3. Missing Words
4. Just The Same
5. Mama
6. Staring
7. Slaves
8. Mummies
9. Volcano
Liens :
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